dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

Il sera dit que les Français ont du mal à comprendre la corrélation entre les dépenses publiques et sociales avec les impôts et cotisations sociales. Le sondage d’Harris Interactive de septembre dernier pour le compte du Conseil des prélèvements obligatoires illustre parfaitement une relation schizophrène de l’opinion avec le besoin de contreparties en recettes pour tout ce qui touche à la notion et aux réalités de l’État providence.

« Mauvaise connaissance des principales données du système fiscal associée à une plus faible acceptation de l’impôt » tel est le constat global des analystes.
L’affaire date. Depuis l’éternité des temps, nos compatriotes pétrissent cette contradiction. Ils ignorent dans leur immense majorité le montant des dépenses d’État et de protection sociale. Ils sous-estiment ainsi le taux de CSG, en dépit de la fiche de paie « vérité » créée en 1986 et rendue davantage lisible au fil du temps, comme des impôts sur le revenu ou encore les recettes d’impôt sur les sociétés. Paradoxe, le taux de confiance le plus élevé dans l’utilisation de l’argent public revient aux collectivités locales alors que celles-ci pèsent globalement peu dans la redistribution nationale. A contrario, ils sont seulement un tiers à juger que l’État agit bien. Ils aspirent au « toujours plus » de services publics et de prestations sociales, mais rechignent aux hausses de prélèvements qui pourraient les financer. Avec une nuance toutefois s’agissant des cotisations sociales, plus lisibles parce que donnant droit à des contreparties plus visibles. Bref une quadrature du cercle.

Comment agir dans ces conditions pour déployer quelque politique que ce soit ? D’autant que la quasi-totalité des candidats à la présidentielle cultive une incroyable irresponsabilité, en promettant de « raser gratis ».

Nos politiques sont responsables, mais pas qu’eux. Organisations professionnelles, médias… tous concourent à cette croyance de facilité publique qui méduse nos partenaires européens et tout bon citoyen sérieux, inquiet des dérives du pays. Que faire alors ? Informer, éduquer, pratiquer davantage de pédagogie, bien sûr. C’est un « tout » en fait qu’il convient de bousculer. À commencer par les représentations idéologiques et culturelles. C’est loin d’être acquis…

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