dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

Avec un peu de retard sur le calendrier initial, le ministère de la Santé et l’Assurance Maladie ont finalement lancé Mon Espace Santé (le MES) jeudi 3 février.

Nous vous avions présenté dans notre numéro 1207 les contours et les perspectives liées au lancement de cet outil numérique essentiel pour l’avenir. Les pouvoirs publics ne peuvent pas rater ce dossier. Et ce n’est pas la tribune du docteur Olivier-Koehret, dans nos colonnes, qui indique un sens contraire.

Quitte à faire un peu de provocation, assumons de dire que ce lancement sera fondateur pour une vraie modernisation de notre système sanitaire et médico-social. Davantage que la négociation de la prochaine convention médicale, prévue en 2023, si celle-ci ne fait que perpétuer l’existant de la désorganisation actuelle des soins de ville. Faire bouger les lignes dans le rôle de chacun, y compris pour les patients est un absolu de priorité.
Pour preuve, le véritable boom de la téléconsultation n’a pas résulté du fruit des accords conventionnels de 2018, mais bien des conséquences d’un confinement subi par l’ensemble des usagers. Comme quoi un subtil cocktail mêlant l’impulsion du patient, qui avait besoin de consulter un médecin même en étant bloqué chez lui, et une forme de contrainte sur le soignant, même contextuelle (« on fait de la téléconsultation, car on n’a pas le choix »), peut produire des résultats positifs. Et c’est sur cette base que résidera le succès de MES. Le flop du DMP, que l’Assurance Maladie ne nie désormais plus, nous a appris que l’enjeu central porte sur l’usage, l’habitude et l’alimentation.

MES réussira le jour où il entrera naturellement dans notre quotidien. Quand nous autres usagers et acteurs du système de santé, nous y accéderons simplement en deux clics et, quand du côté des professionnels de santé, son usage ne sera plus perçu comme une démarche administrative de plus, mais comme un outil métier. D’une certaine manière, et avec un soupçon d’ironie, on pourrait penser que le MES a davantage à apprendre de l’application AntiCovid. Après tout, elle a progressivement basculé de la case « contrainte » vers la case « réflexe » dans nos habitudes quotidiennes. Qui l’aurait cru à l’époque de son lancement pour le moins chaotique ?

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