La Mutualité Française a présenté le 24 septembre la dernière édition de son carnet de santé et réitéré un certain nombre de propositions pour le système de santé et de protection sociale, à l’approche de la présentation du PLFSS 2025.
«Ce carnet de santé nous révèle que nos concitoyens attendent un certain nombre d’évolutions et sont inquiets du niveau des déficits des comptes sociaux parce que cela percute la robustesse de notre protection sociale», a souligné Eric Chenut, président de la FNMF. Parmi les principaux points d’alerte, le «niveau de renoncement en soins très élevé pour des raisons économiques, mais surtout d’accessibilité de l’offre de soins». Ainsi, 87% de la population sont concernés par les déserts médicaux. Et 62% déclarent avoir renoncé à des soins au cours des 12 derniers mois. Une majorité des Français (68%) considèrent qu’il faut totalement réorganiser notre système de santé et 77% estiment prioritaire d’encourager les professionnels de santé à s’installer dans les territoires sous-dotés.
Face à ces constats, les mesures présentées par la Mutualité Française «ne sont pas nouvelles » a reconnu Eric Chenut, mais «absolument indispensables compte tenu du contexte et de ce que nous disent nos concitoyens». L’organisation plaide ainsi pour une réorganisation du parcours autour d’une «équipe de soins traitante» constituée par le patient, ou proposée à l’échelle de son territoire. Articulée autour du médecin, elle intégrerait un infirmier et un pharmacien, ainsi que d’autre professionnels de santé en fonction des besoins (sage-femmes, kinés ou orthophonistes par exemple). Un assistant médical serait chargé de coordonner la prise en charge. «Le parcours de soins tel qu’il a été pensé autour du médecin traitant en 2004 est aujourd’hui inopérant», a pointé Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française, rappelant que près de 10% de la population en sont dépourvus.
La FNMF veut également lutter contre les soins inadéquats, qui représentent 50 Mds € par an. Deux leviers sont évoqués. D’une part, la généralisation et la pleine utilisation du dossier médical partagé ; et d’autre part la sensibilisation au bon usage du médicament en s’appuyant sur les travaux de la Haute Autorité de Santé (HAS). Pour Séverine Salgado, «Il est indispensable de nous attaquer sans tabou aux prescriptions inadéquates ou excessives, aux actes inutiles». Et il faut également «renforcer la communication, la coordination, l’information entre professionnels de santé eux-mêmes, mais aussi entre professionnels de santé et patients».
Le troisième enjeu porte sur la prévention. Le «patron» de la fédération appelle de nouveau à «faire de celle-ci une prestation de santé à part entière», et dès lors à ne plus considérer ces actions et services comme des frais de gestion. Par ailleurs, une démarche de prévention efficiente et personnalisée implique d’avoir accès aux données et donc d’assouplir le cadre régi par la CNIL.
Enfin, la Mutualité Française alerte sur «l’urgence du vieillissement de la population». Elle rappelle sa proposition, portée avec France Assureurs, de généraliser la couverture dépendance en l’adossant à la complémentaire santé. Ce, pour un coût de 10 à 20 € par mois, en fonction de l’âge. Une solution qui aurait le mérite d’être indolore pour les finances publiques… Au lendemain de l’installation du nouveau gouvernement, Eric Chenut s’est d’ailleurs déclaré «prêt pour échanger avec l’exécutif» autour de ces différentes propositions.