Dans ce numéro d’ESE*, nous analysons les principaux contours du document de travail récemment publié par le HCAAM s’attardant sur la place de la complémentaire santé et prévoyance en France.
Cette première note pose d’ores et déjà des constats sur le régime complémentaire. Parfois sévères, parfois justes. La démarche entreprise s’inscrit quant à elle en droite lignée des débats issus du Ségur de la santé. Un évènement au cours duquel les acteurs de santé, établissements de santé en tête, ont clairement demandé au gouvernement de simplifier leurs démarches administratives notamment en ce qui conPrévisualiser (ouvre un nouvel onglet)cerne la gestion de la facturation. Trop lourde, trop complexe. « Deux interlocuteurs, c’est un de trop » pensent-ils. Pour y remédier, l’idée « d’initier un chantier ambitieux » aboutissant à une « grande Sécu » était même avancée dans les recommandations faites par le comité Ségur. L’idée a germé : une autre façon de faire devrait être envisagée.
Oui, mais c’est un peu vite balayer plusieurs faits historiques. Le premier, le plus évident, est que le système de financement des dépenses de santé est pensé pour s’appuyer sur deux jambes depuis que le principe de ticket modérateur a été instauré. Plus près de nous, qui a impulsé la généralisation de la complémentaire santé ? Beaucoup de décideurs actuels étaient déjà aux manettes au moment de la mise en place de l’ANI. Une époque où État, politiques et partenaires sociaux appelaient conjointement les derniers pourcentages de Français non couverts par une complémentaire santé à l’être. Un autre temps, dirons-nous… Et que dire des excès de réglementation des contrats, de l’interdiction de développer des réseaux de santé pour limiter les dépassements d’honoraires, de la quasi-interdiction d’accès aux données de santé ? Par contre, peu de voix se sont élevées au moment d’évaluer le bien-fondé des taxes qui leur sont imposées ou quand elles financent intégralement un dispositif solidaire tel que la CSS.
Entendons-nous bien, tout n’est pas rose du côté des complémentaires santé. Elles ont elles aussi leur part de responsabilités. Mais faire preuve d’un peu de recul, de modération et de justesse au moment de faire un bilan de leur apport au système de santé ne doit pas être considéré comme une démarche futile. Surtout au moment où l’on s’apprête à renverser la table parce que l’air du temps vous y pousse.
Et pour paraphraser un ancien Premier ministre, arrivé troisième au premier tour de la présidentielle de 2017 : « On a voulu qu’ils soient là alors autant travailler intelligemment avec eux ». On n’aurait pas dit mieux.