Disons-le crûment : les 300 Ms € d’engagements de l’État en faveur d’une rénovation de notre politique industrielle de santé, pour un secteur qui pèse au moins de 60 Mds €, paraissent presque ridicules au regard de ce que font nos grands partenaires européens. Sans oublier le géant américain qui a mis sur la table une somme 40 fois supérieure…
Certes, le crédit impôt-recherche existe. Mais, hélas, comme d’habitude, on joue petit. Certes encore, nos laboratoires semblent parfois privilégier l’individualisme anomique voire arrogant, Sanofi Monde cultive ce travers, confrontés qu’ils sont à un État, également donneur de leçons, économiquement velléitaire en matière de recherche et de développement.
Pour preuve, les délais presque sans fin de la négociation entre le Comité économique du médicament, instance dépourvue de président pendant huit mois, faute de lisibilité de vision publique, et le Leem. Comble de notre affaire, ce dernier n’est pas sérieusement associé aux préparatifs du Conseil stratégique des industries de santé. Le CSIS, chargé de proposer une relance de notre politique industrielle, est animé par cinq experts, la plupart hauts fonctionnaires brillants. Où est passé l’impératif de cogestion ? On ne parle même pas de l’absence de représentation des patients. Nous aurons droit peut-être à un élan patriotique institutionnel tout autant, et on peut le craindre au final, à un résultat très en deçà des nécessités.
Scepticisme alors. Le passé des pratiques ne garantit pas l’avenir. Il est vrai que le capitalisme sanitaire est de moins en moins rhénan, car peu porté sur la production de biens sur des terres nationales traditionnelles, qu’autocentré sur une financiarisation mondialisée de l’économie de santé. La responsabilité est donc collective.
Si nous évoquons dans un éditorial l’impératif d’une forte industrie de santé, c’est qu’elle est le corolaire d’une forte protection sociale. La Sécu n’a rien à gagner d’une vassalisation accrue des produits et des services sanitaires consommés sur le territoire national. Plus que d’un souverainisme désuet dans un monde économique forcément imbriqué, il y a toujours place et nécessité pour un renouveau dans une dynamique nationale et européenne bien comprise. Solidarité forte et puissance économique font toujours bon ménage.
L’urgence est là !