Devinette : quel pays a le plus de chance d’atteindre rapidement ses objectifs de vaccination ?
Celui qui consacre 12 % de son PIB aux dépenses de santé, tout en affichant une ligne politique progressiste soutenue pour une stabilité gouvernementale garantie pour cinq ans ? Le tout, s’appuyant sur une administration ultra centralisée.
Ou celui dont la part de PIB consacrée à la santé dépasse à peine les 9 %, connu pour son instabilité politique chronique qui fait que les extrêmes peuvent arriver au pouvoir ? Cet attelage devant également composé avec un modèle d’administration décentralisé et souvent raillée pour son inefficacité. Vous les avez reconnus ?
Il s’agit bien évidemment de la France et de l’Italie.
Je me souviens encore du mépris affiché par un ex-membre du cabinet d’Agnès Buzyn au moment de présenter la réforme de fin du numerus clausus quand on lui expliquait que cette mesure n’avait pas répondu à toutes les attentes de l’autre côté des Alpes. « Oui, mais eux c’est l’Italie ». Cette démonstration d’immodestie est loin d’être une posture isolée. Il convient de rappeler comment nous regardions de haut nos voisins quand en février dernier émergeaient les premiers d’infection dans la région de Bergame. Que n’avions-nous pas dit quand leurs autorités prenaient alors des mesures drastiques pour lutter pour la propagation ? Personne ne parlait de courage politique alors.
Depuis plusieurs jours déjà, nos voisins transalpins ont largement dépassé le million de personnes vaccinées, se situant devant les allemands pourtant perçus comme la référence européenne. Et par rapport à nous ? Leur ratio est trois fois supérieur. Pas mal pour « eux ».
Derrière ces résultats se cache une mobilisation d’ampleur de l’ensemble de leurs régions pour la mise en place de stratégies adaptées aux réalités de terrain. Une démarche appuyée par le gouvernement central. La recette est simple mais elle a la vertu d’être appliquée. Et c’est là toute la différence. On passera aussi sous silence que leurs industries de santé nous ont dépassé dans bien des domaines. Portées, il est vrai, par une réelle volonté politique de les développer. Ne remuons pas le couteau dans la plaie.
Alors en cette période de nouvelles résolutions, encourageons nos gouvernants à faire preuve d’un peu plus de modestie dans leurs discours, tout en apportant un peu de clarté et de lisibilité à leur ligne stratégique. Nous ferions déjà un premier pas dans la bonne direction.
* L’art de la modestie