L’événement de cette quinzaine traite du Dossier médical partagé, dont la généralisation va être annoncée. Avec une simple question : existe-t-il une raison sérieuse pour ne pas ouvrir son dossier médical partagé ?
A vrai dire, nous n’en trouvons pas. Au bout des arguties des opposants, peut-être l’appel au principe de liberté individuelle peut servir de vacuum pour rejeter l’idée de stocker intelligemment ses données de santé pour mieux la garantir. Encore une fois, cette argutie paraît dérisoire au regard des progrès personnels et collectifs que nous obtiendrons avec le DMP.
Car c’est de cela qu’il s’agit.
Sans information solide et partagée, sans maîtrise du continuum de l’état de santé, ce sont des chances de mieux être, de qualité de vie, de soins voire de guérison, dont nous nous amputons.
La bataille de la généralisation s’engage le 6 novembre prochain. Etat et Assurance-Maladie entendent mobiliser les forces vives de la santé. Evidemment, il ne suffira pas d’ouvrir des dizaines de millions de dossiers médicaux. Il faudra surtout les nourrir pour les faire vivre. Et, avec eux, c’est toute une mutation de notre médecine que nous permettrons. Car c’est l’effet « pelote de laine » qui nous stimule dans cette affaire. Une fois le fil tiré, c’est la pelote qui se dévide : en clair, sans DMP généralisé, la mutation du système de soins se fera attendre. Inversement, les potentiels de la médecine et de la santé seront plus accessibles.
Comment penser les choses autrement ?
Aucun professionnel de santé, médecin en tête, n’ignore que l’information partagée conditionne le succès thérapeutique. Le temps n’est pas plus au savoir triomphant des uns, les professionnels, au détriment des autres, les patients. Sans penser à une relation égalitaire dans le colloque singulier entre médecin et patient, un équilibre des responsabilités dans le parcours de soins est possible, indispensable même. Si l’on veut libérer la plénitude des capacités professionnelles, débarrassons-la de ce qui l’affaiblit : une mission réalisée parfois en aveugle pour le praticien et des pertes de chances personnelles pour le soigné.
Effet séquentiel, toute la chaîne d’acteurs se trouvera coordonnée, décloisonnée par la dynamique de l’information, gage de qualité et de pertinence des soins.
Le futur espace numérique santé de chacun et de tous requiert le DMP.
Alors, on y va !