Ne tournons pas autour du pot : la réforme des retraites, en dépit des dénégations gouvernementales, vise bien, sur le long terme en tout cas, à maîtriser davantage le coût du système.
Notre Evénement pointe une particularité considérable, celle des quelque 165 milliards d’euros de réserves accumulées au fil des ans par les gestionnaires des retraites complémentaires. Une somme colossale, qui pèse 60 % du total des allocations servies sur une année. Pas mal ! Pour une fois que la France réussit une épargne sociale collective de précaution…
Certes, tous les régimes ne sont pas à égalité de prospérité.
Certains d’entre eux frôlent toutefois une forme de « démence » financière. Les chiffres du Conseil d’orientation des retraites (COR) parlent d’eux-mêmes. A quoi rime ainsi ces niveaux de réserves qu’offrent les régimes des professions indépendantes ? Quatre voire sept ou neuf années de réserves pour des régimes quasi publics, obligatoires et fonctionnant en répartition ? Que l’on dispose d’un matelas en cas de pépin conjoncturel peut se comprendre. Mais pas au-delà du raisonnable. Concernant les actifs indépendants, la situation a clairement dérapé. Non pas dans la gabegie de gestion, mais dans l’excès de prélèvement ou le défaut d’allocation ou les deux simultanément.
Que va-t-il se passer avec la réforme en points ?
Une nationalisation de tous les régimes de base et complémentaires est en vue. Sinon, la réforme perd son sens. A la clé, les réserves qui appartiennent aux cotisants et donc à la République, à travers ceux qui la représentent (le Parlement), auront tout au plus vocation à nourrir un fonds national de garantie de la retraite de tous les actifs quelle que soit leur profession d’origine. Pas besoin d’aller plus loin avec la garantie de l’Etat. De la sorte, le gouvernement rassurera le pays sur les perspectives à court et moyen termes découlant de la réforme. Pronostiquons qu’au passage l’Etat puisera dans ce qu’il faut bien appeler une cagnotte pour lisser ses charges en matière de pensions publiques. Ce qui lui permettra de payer en partie l’inclusion des primes dans le calcul des pensions pour ses agents et de ne pas augmenter les impôts en conséquence…
Une opération « à plusieurs bandes » pourrait-on dire.