Les récentes annonces d’Agnès Buzyn sur l’accès aux soins et la lutte contre les déserts médicaux ont reçu un accueil favorable.
Il est vrai que la ministre, à travers 21 mesures a couvert un champ large d’initiatives pour espérer inverser dans le temps le reflux de la démographie médicale. Il est vrai encore que ces annonces n’innovent pas vraiment par rapport aux plans précédents. Et c’est peut-être là que se niche l’incertitude. Car, selon nous, il manque deux choses essentielles à ce plan. Le droit (devoir) d’action pour la collectivité en cas de carence majeure de l’offre de soins, telle qu’elle découle de la bonne volonté (en l’occurrence de la mauvaise) des acteurs professionnels à compenser les carences de la carte sanitaire. Autrement dit, à la question « et si tout cela ne donnait pas de résultats, que faire alors ? », nul ne répond. C’est sympathique de créer de la confiance et de l’attractivité en matière de libre installation des équipes médicales. Mais il se pourrait que la dégradation demeure toujours plus forte que la « réparation » ministérielle.
Au passage, on aura noté un second défaut de ce plan : le côté confiscatoire de l’action publique. L’assurance-maladie, pourtant à l’origine de l’article 35 du PLFSS 2018 sur les innovations santé, n’est qu’à peine mentionnée dans le document gouvernemental. Pourtant, s’agissant de la médecine ambulatoire, elle est un acteur de premier plan. Quant aux assureurs complémentaires, les mutuelles en particulier, ils passent carrément à la trappe.
Soyons clair : si le quinquennat d’Emmanuel Macron consiste en un mode plus ou moins « soft » à poursuivre ce qui s’est fait précédemment, alors la déception, l’échec aussi seront au rendez-vous.
Il ne suffit pas de rééquilibrer les comptes, de tuer le RSI, le régime étudiant, d’amoindrir toujours le pouvoir d’achat des fonctionnaires et le périmètre d’action de leurs mutuelles, de faire indûment payer les retraités et autres inactifs à une prétendue réforme de l’assurance chômage pour réussir l’avenir de la protection sociale des Français. Et faire ainsi de ce quinquennat un succès social et de santé. A lire les récentes données sur la chute de la France en termes d’attractivité pour les essais cliniques de médicaments nouveaux, 42 % du total en Europe en 2008, mais 20 % seulement en 2016, on devine la cassure structurelle qui s’esquisse.
Tout est dans tout ! Et rien ou si peu des intentions du nouvel exécutif ne montre que ce dernier a bien compris que le regard porté à la santé et au social doit changer.