dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

C’est fou, ce truc ! Et les données de la DREES sont imparables : le nombre de passages aux urgences hospitalières en France est passé de 15,4 millions en 2006 à 20,3 millions en 2015.

Un Français sur trois. Une progression de 85 % en dix ans. Gageons, sans risque, que ce dernier chiffre sera dépassé pour les années 2016 et 2017.

Sur cette même période, le nombre de médecins installés en ville n’a pas vraiment diminué (pas encore), excepté quelques situations locales. 5 % des fréquentations relèvent de l’urgence vitale, au dire des équipes médicales. 80 % des patients présents dans les quelque 700 unités d’accueil d’urgence arrivent par leurs propres moyens. Plus encore, 75 % (notons bien ce chiffre) des passages ont lieu entre 8 heures du matin et 20 heures le soir. Ce qui dément le préjugé comme quoi la haute fréquentation des urgences tient aux seules carences de la permanence des soins le soir, la nuit et les week-ends.Il y a donc un problème qui dépasse clairement la simple question de l’accès aux soins ou des déserts médicaux. Ce problème s’aggrave d’année en année. Et les plans de lutte contre le déclin de la démographie médicale n’enrayent pas les déséquilibres connus de tous.

Les 21 mesures du plan d’accès aux soins et de lutte contre les déserts médicaux, récemment présentées par Agnès Buzyn et Edouard Philippe, corrigeront peut-être cet incroyable dysfonctionnement qui perdure depuis trente ou quarante ans.

En fait, il faudrait un véritable plan d’investissement pour la médecine de ville, associant une musculation des cabinets libéraux, des réseaux de soins dédiés aux pathologies chroniques. Faire des MSP (maisons de santé pluridisciplinaires) l’alpha et l’oméga des solutions risque de décevoir. Nous perdons du temps face à une dégradation sans précédent des fondamentaux classiques de l’offre de soins.

On retrouve à l’identique ce débat sur l’accueil de la petite enfance et les modes de garde. Il manque quelque 400 000 places pour faire face aux besoins. Contrairement à ce qui se dit, notre pays demeure une référence en matière de politique familiale. Avec cependant cette grande carence d’investissement et des milliers d’emplois afférents.

C’est étonnant de voir cette conception un peu étriquée de la santé et de la protection sociale, seulement perçue comme une charge et non un moteur économique, certes maîtrisé, porteur de valeur ajoutée et de mieux-être individuel et collectif.


 Illustration: Patrick Bonjour / Cocktail Santé
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