Décidément, ce début de second mandat d’Emmanuel Macron semble marqué du sceau des conflits sociaux.
Plus qu’un phénomène de colères sectorielles successives, la mouvance générale prend désormais l’apparence d’un sentiment de ras-le-bol croissant. Une large partie de ce courroux se porte sur une action publique semblant se déconnecter progressivement des attentes des acteurs économiques et sociaux. Dans le même temps, les exemples de blocage relevant de réflexes corporatistes s’accumulent. Tout ceci n’est pas très bon. L’heure ne serait-elle donc pas venue de réinterroger notre façon de faire ?
Hasard des choses, les différents sujets traités dans ce numéro d’ESE ont globalement pour dénominateur commun de se faire l’écho de ce ressenti. Que ce soit sur son volet médical, médico-social et social, un constat demeure : les potentialités et les capacités à faire existent. Elles sont porteuses de promesses d’ailleurs, quand elles sont exploitées sur le terrain. Problème, au bout du bout, toutes ces dynamiques finissent par se noyer devant le mal chronique de l’arc-boutement à un statu quo si rassurant par opposition à l’inconnu que représente toute forme de changement. Fut-il réellement disruptif, ou pas.
En 2016, le futur président de la République dans son livre-programme intitulé « Révolution » annonçait la nécessité de préparer en interne la France aux profondes transformations que le monde allait nous imposer. Entendait-il peut-être à ce moment-là, l’impérieuse nécessité de combattre toute forme de rigidité et d’immobilisme ? Si nous pouvons lui faire crédit de cette intention, toujours est-il que cette recette semble loin d’avoir été appliquée à l’ensemble des échelons de l’État depuis. Les vieux réflexes ont la vie dure… en cela, la colère du monde agricole et la désespération des acteurs du soin et du social se font écho devant l’application systématique de l’implacable triptyque du « tout organiser, tout normer et tout contrôler ».
Les temps évoluent, les aspirations des acteurs et de notre société également. La période que nous vivons appelle à une Sécurité sociale, et plus globalement à une action publique, davantage mobilisatrices des forces vives que seulement régulatrices. Voilà une belle révolution à mener, non ?