L’adoption de la PPL Rist visant à faciliter l’accès aux soins non programmés et à réguler l’installation des médecins en dehors des déserts médicaux suscitait une véritable attente. Or, fortement poussée par les sénateurs à « adoucir » un texte perçu comme trop contraignant, la commission mixte paritaire a édulcoré le produit final.
L’ambition initiale a donc fait pschitt ! Pis, le texte sorti de la CMP aura réussi le tour de force de faire des perdants : les IPA, les CPTS, l’Assurance Maladie mais aussi, les patients.
Les IPA peuvent à juste titre se sentir lésés dans cette histoire. Le modèle a fait ses preuves à l’international comme une solution d’appui voire, comme une alternative, au médecin pour le suivi des patients chroniques. Chez nous, cela ne sera que partiellement le cas et encore, sous conditions. Ou, comment tuer l’œuf dans la poule diront certains… Les CPTS ? les parlementaires ont clairement indiqué qu’ils ne les considéraient pas comme un levier efficient d’accès aux soins contrairement aux MSP. Mais pourquoi ne pas s’appuyer sur les deux plutôt que de hiérarchiser les structures de soins coordonnés ?
Quid de l’Assurance Maladie dans cette histoire ? En ne mettant pas en valeur le modèle des IPA, en reléguant au second rang les CPTS mais aussi, et surtout, en supprimant la notion d’engagement territorial pour les professionnels de santé dans cette PPL, les parlementaires ont envoyé un message fort à la CNAM : « nous ne partageons pas votre vision de la médecine de ville de demain ». Une sacrée claque qu’on le veuille ou non. Mais à quoi tout cela va-t-il servir ? À apaiser les syndicats médicaux à quelques semaines du dénouement du règlement arbitral de la convention médicale ? À maintenir une forme d’équilibre dans l’offre de soins ambulatoire sous couvert d’un quasi-statu quo organisationnel ? Et dire qu’en première lecture, aucun député ne s’était opposé à cette PPL. Une unanimité transpartie que l’on croyait révélatrice de la prise de conscience d’une urgence à agir. À tort.
On a beau le ressasser, rien ne change. Notre système ne pèche pas par défaut de compétences des acteurs, mais par un déficit chronique de courage à vouloir reformer l’existant. En cela, administration centrale et pouvoir politique se retrouvent dos à dos. La colère de nos concitoyens, voyant l’accès aux soins continuer de se dégrader dans une majorité de territoires, quant à elle demeure vive. Mais jusqu’à quand va-t-on faire fi de ne pas l’entendre ?