Partant des exigences évidentes d’une nation travaillant davantage en vue de retrouver sa compétitivité tout en tendant vers un retour progressif à l’équilibre de ses comptes sociaux gravement endommagés depuis plus de 30 ans, et sans occulter le besoin d’instaurer davantage d’équité dans le système, une autre voie d’action en matière de réforme des retraites était possible.
Déjà, n’aurait-on pas pu convenir dès le départ d’un diagnostic mieux partagé ? Là, le fiasco de l’explication gouvernementale est total ! On aurait pu aussi s’inspirer de l’accord Arrco-Agirc de 2019, passé entre partenaires sociaux, incluant donc les syndicats réformistes, dont la CFDT. Chaque salarié est ainsi placé devant un choix de responsabilité. Partir plus tôt certes, mais avec des droits moindres durant une courte période ou, retarder la liquidation de sa pension couplée avec un bonus. Sans avoir mis le feu à la maison, le régime complémentaire de 20 millions de salariés a ainsi rééquilibré ses comptes.
On pourrait jouer aussi sur la durée de cotisations en accélérant le calendrier Touraine, ce qui est fait d’ailleurs dans la loi contestée.
Quid de la modification du financement des régimes de base ? N’y avait-il pas une voie en recourant à la CSG et, par là même, en accroissant la contribution des revenus financiers à l’équilibre général. La CNAV est devenue au fil des ans un véritable régime de solidarité nationale. On pourrait encore lisser dans la durée, en tant que de besoin, une hausse des cotisations des actifs.
Et enfin, pourquoi ne pas remettre au goût du jour le chantier d’un régime national de base en points ? Plus juste et plus adapté aux inégalités de parcours et de situation professionnelle. Quitte à cette fois laisser les acteurs sociaux des régimes complémentaires assumer leur devoir comme énoncé plus avant.
Bref, il aurait été judicieux de se donner du temps selon un mode plus calme et approfondi de concertation et de travail. Et pouvoir aller au fond des choses, tant sur l’emploi des seniors, l’usure professionnelle et l’équité de tous face aux défis de la vieillesse.
Qu’est-ce qu’une bonne réforme des retraites ? Celle qui laisse des traces indélébiles jusqu’en 2027 et marquera au fer rouge le prochain choix présidentiel, ce qui est proprement délirant, eu égard aux grands défis du pays. Ou celle, plus besogneuse, plus efficace économiquement finalement parce qu’assise sur l’harmonie sociale ?
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