dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

Il n’est pas sûr que le politique et le social fassent toujours bon ménage. Parfois, les choses se passent bien. Une harmonie est possible. Inversement, l’histoire et l’actualité le confirment, les attentes peuvent différer, voire s’opposer. La question de la retraite est un exemple parfait de ce qu’il faut appeler un oxymore.

François Bayrou a cru gagner en tendant un piège aux élus socialistes en remettant sur la table l’ouvrage de la réforme vilipendée d’avril 2023. En sachant pertinemment qu’il ne veut ni ne peut, la bouleverser. Sauf, à tomber dans l’irresponsabilité financière. Du coup, le piège se retourne contre lui. Et il prend en otages les partenaires sociaux, contraints de participer à un vain exercice de revoyure d’une réforme dont il ne veut pas changer les fondamentaux. Le dialogue social, de sourds en l’occurrence, peut-être utile en soi. Toutefois, il ne saurait se perdre sans conséquences dans un simulacre de démocratie partagée. Et dire qu’il reste encore dix séances de travail, jusqu’à fin juin, pour déboucher sur un simple « relevé d’échanges », dixit les protagonistes. Sans oublier qu’en éjectant du débat des organisations, comme l’Unsa, on amoindrit clairement la représentativité des points de vue. On n’est pas loin de la tartufferie pour le coup…
Dans la même veine, le Premier ministre, soucieux de réduire le déficit de la Sécurité sociale, commande un rapport commun à trois hauts conseils, ceux de l’Assurance Maladie, de la Famille, de l’enfance et de l’âge, enfin celui du financement. Certes, ce dernier est plus adéquat pour la manœuvre… toutefois, à quoi peut bien rimer cette énième sollicitation envers des instances, certes sympathiques et compétentes, sur ce périmètre ? Elles, qui ne peuvent en aucun cas, être en mesure de se substituer aux travaux de la Cour des comptes, du Haut conseil des finances publiques et même du Parlement.

Tout cela dit-on pour gagner du temps en occupant l’espace médiatique au risque de jeter plus de confusion. Au final, que restera-t-il d’un exercice porteur de frustrations ? Ce, dans un contexte économique national et géopolitique particulièrement inquiétant. Las, nous devons espérer qu’une forme de positivité émanera de ce torticolis politicien. Mais l’histoire nous apprend la prudence.


Illustration : Freepik
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