Dans la dernière édition de son traditionnel rapport, France portrait social, l’Insee passe au crible les inégalités dans plusieurs domaines. L’institut national revient en particulier sur le champ de la santé où elles apparaissent «plus marquées» qu’ailleurs en Europe.
A âge et sexe comparable, les salariés les moins qualifiés et les ouvriers qualifiés sont en moins bonne santé que le reste de la population. Ils sont ainsi plus nombreux à déclarer un état de santé dégradé (5,5% vs 2,2% pour les personnes exerçant une activité intellectuelle et 1,9% pour celle exerçant une activité scientifique) et sont plus fréquemment concernés par des syndromes dépressifs. «Ce constat d’inégalités sociales en matière de santé au sein de la population active n’est pas spécifique à la France ; néanmoins, les écarts entre catégories socioéconomiques y sont souvent plus larges que dans les autres pays européens», pointe l’Insee.
La consommation quotidienne de tabac, premier facteur de mortalité évitable, reste élevée dans l’Hexagone, 24,2 % des personnes en emploi déclarent ainsi fumer quotidiennement. Mais les ouvriers qualifiés sont 35 % dans ce cas, contre 15 % des personnes exerçant une profession intellectuelle et scientifique. Et alors que 5,5 % des personnes en emploi fument au moins 20 cigarettes par jour, la part de grands fumeurs apparaît élevée parmi les ouvriers qualifiés (7,7 %), mais grimpe encore davantage chez les petits entrepreneurs (8,6 %).
Parmi les personnes en emploi, 49,1 % déclarent boire de l’alcool au moins une fois par semaine, et 7 % quotidiennement. Cette part apparaît plus élevée parmi les personnes les plus qualifiées : 63,8 % des cadres dirigeants et 56,1 % des personnes exerçant une profession intellectuelle et scientifique, contre 39,4 % des salariés peu qualifiés. Les cadres dirigeants sont aussi les plus concernés par les alcoolisations ponctuelles importantes (au moins une fois par mois) : 30,4 %, contre 23,5 % pour les salariés peu qualifiés.
Enfin, 31,6 % des personnes en emploi sont en surpoids et 13,7 % en situation d’obésité. Dans chaque catégorie socioéconomique, la part des personnes en surpoids dépasse 30 %, sauf parmi les professions intellectuelles et scientifiques. Surpoids et obésité concernent respectivement 25,1 % et 8,5 % de ces dernières, contre respectivement 31,5 % et 15,4 % des ouvriers qualifiés. Les cadres dirigeants sont moins touchés par l’obésité (11,9 %). En revanche, ils sont aussi fréquemment en surpoids (30,8 %) que les ouvriers qualifiés.