Comme rarement dans son histoire économique, la France est bien au pied du mur lorsque l’on parle de la dette et des déficits publics. L’action de redressement annoncée par Michel Barnier est une affaire de longue haleine.
Il faudra au moins 10 ans pour revenir dans les clous du traité budgétaire de l’UE. Et par là même, retrouver un peu de crédibilité et d’autorité à l’endroit de nos partenaires. D’apparence lointaine, les questions de santé et Sécu font partie de ce défi. Car, il va falloir mettre de l’ordre tant dans les comptes qu’amorcer l’éradication d’une certaine inefficience du système social.
Sur le sujet de la prévention par exemple, la nouvelle locataire de l’avenue de Ségur, Geneviève Darrieussecq, a pris un peu l’opinion à contre-pied en indiquant que l’efficacité des politiques ne se juge pas uniquement à l’argent mis sur la table. Il est urgent de s’interroger sur les questions d’organisation, de partage des compétences, des informations, de coordination et donc de cohérence globale des acteurs et dispositifs déployés. En somme, à force d’empiler ces derniers, tout est devenu plus confus. Or, nous souffrons collectivement de ce manque de visibilité induit par ce besoin chronique, so frenchy, de rendre complexe des choses qui pourraient être simples.
L’exercice, il faut l’admettre, est particulièrement compliqué dans un contexte où le gouvernement en place semble condamné à une durée de vie maximale assez limitée. Malgré tout, cela ne peut être prétexte à une forme d’immobilisme. L’heure n’est pas non plus à la révolution permanente et aux grandes lois de santé pompeuses et bureaucratiques. Ni non plus, à la création de nouveaux « machins » de gouvernance, pondant des expertises aussi spectaculaires donnant lieu à des impasses pratiques.
Ironie calendaire, les travaux des sénateurs sur la révision du périmètre des contrats responsables renvoient à la même problématique de fond. Un exemple illustre d’une bonne intention qui est devenu, au fil du temps, un dispositif incompréhensible. Quant à la promesse originelle d’amélioration de l’accès aux soins, les progrès restent marginaux. On en revient donc encore à cette question de lisibilité. Le mieux est souvent l’ennemi du bien. Se recentrer sur cette notion de besoins fondamentaux ne doit pas nécessairement être perçu comme un recul. La dure réalité de nos perspectives économiques nous y incite quoi qu’il en soit.