Alors que la France continue d’être prise dans un maelstrom politique dont elle seule semble avoir le secret, Mario Draghi, l’ancien patron de la BCE, a présenté un rapport plutôt secouant sur le niveau de compétitivité de l’Union européenne face à ses concurrents internationaux.
Un document tout autant détonnant qu’il est pour le moins révélateur d’une forme de déclin inéluctable du vieux continent… enfin si les choses n’évoluent pas.
Les maux du Marché unique sont connus : trop régulateur avec une production record de normes (13 000 lois depuis 2019 !), des dépenses d’investissement trop éparpillées et un décrochage lancinant en matière de productivité, des modèles sociaux de plus en plus difficiles à financer ainsi qu’une complexité à faire émerger des champions économiques internationaux à quelques exceptions près.
Pis, nos plus prometteuses pépites se délocalisent, notamment aux États-Unis.
Ce cocktail ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Un constat général qui peut être considéré comme dur, voire implacable. Mais n’en déplaise aux mauvaises langues, impossible de faire le procès en euro bashing de son auteur qui a contre vents et marées défendu le modèle européen, et ce malgré ses limites, face aux extrémismes politiques italiens.
Que faire alors pour inverser la tendance ?
Tout le monde s’est arrêté, et cela est parfaitement compréhensible, à la seule question économique et la recommandation visant à figer une enveloppe de 800 Mds € d’investissements publics par an. Un montant inédit, équivalent à 5 % du PIB de l’UE, qui ne vaut que parce que les perspectives l’exigent. Mais le rapport n’englobe pas que cet unique angle. Car à l’image de notre contrée, le modèle économico-social européen semble à bout de souffle du fait de multiples facteurs : incapacité à tenir un cap, solidarité à géométrie variable entre États membres, déficit de vision en matière de politiques économiques et écologiques, faible efficience des dépenses sociales… une prise de conscience collective s’avère plus que jamais nécessaire, car comme le rappelle Mr Draghi si l’Europe « ne peut plus offrir cette croissance à ses citoyens, elle perdra sa raison d’être ». Les conséquences derrière seraient à terme dévastatrices. Nous serions donc bien avisés de ne pas faire fi de cette analyse. À lire quoi qu’il en soit et agir !
* déclin européen