L’affaire de la vente de la filiale de Sanofi-Aventis, Opella, porteuse de son portefeuille des médicaments dits « grand public » arrive à un mauvais moment. Vu le contexte général, l’équipe de Michel Barnier se serait volontiers passée de ce dossier. Lequel est un concentré des contradictions nationales sur le dossier de la santé et plus largement de l’industrie pharmaceutique.
Dans cette affaire, tous les protagonistes font preuve de duplicité !
À commencer par les parlementaires et politiques de tous bords. On nous jette à la figure le slogan « souveraineté nationale » pour préserver les usines de production du Doliprane, soit 1 700 emplois sur les 11 000 que comportent tous les produits fabriqués en France par Opella. Évidemment, on ne peut que partager ce souci. Toutefois, on aurait préféré que cette exigence s’exprime dans la durée, au gré de politiques puisées dans une vraie vision stratégique. Ce dont nous manquons cruellement. On ne peut simultanément taper fiscalement depuis belle lurette sur une industrie au titre de ses profits excessifs, voire de ses écarts de comportements, et la supplier par ailleurs d’agir en vraie patriote. Quitte à exiger d’elles des conquêtes de marchés mondiaux !
Côté opinion, c’est à peu près pareil. On aime les médicaments parce qu’ils guérissent ou soulagent. On leur demande toujours plus mais on réfute l’économie qui va avec. Un de nos French paradox est que le Français apprécie davantage l’industriel automobile que celui de la santé… allez comprendre.
Côté gouvernement ensuite, on joue de la mandoline, un hymne à la gloire de la pharmacie nationale, avec des promesses de relocalisation à la clé, à l’occasion des conseils stratégiques des industries de santé, présidé par le chef de l’État ou son Premier ministre du moment. Quitte à ce que deux mois après, les PLFSS flinguent carrément la poésie présidentielle au travers de baisses de prix, des contraintes réglementaires à satiété, et de durcissement des clauses de sauvegarde infligée aux laboratoires. Quant à ces derniers, ils ont bien sûr leur part de responsabilité. Ils ratent parfois la marche, cas de Sanofi sur le vaccin contre la Covid qui a laissé des marques profondes, et s’avèrent égotistes et égoïstes au regard des aides publiques de toutes sortes dont ils profitent. Bref, une équation à somme nulle, bien dans la tradition nationale !