dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

Si au cours des derniers mois, il pût paraître facile de pointer les comportements de certains acteurs du soin, ce qui se passe au ministère de la Santé ne peut passer également sous les radars. Même en omettant la valse perpétuelle de ses locataires, l’avenue de Ségur semble plus que jamais sans dessus-dessous. Les signes de tiraillement entre le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, sa ministre de « tutelle », Catherine Vautrin, qui ne lui laisse guère d’espace politique, sont notoires. Ainsi que le pôle ministériel de Bercy qui piaffe d’impatience sur les économies tant réclamées. Le fait que tout soit décidé à Matignon et surtout à l’Élysée dévitalise une chaîne des responsabilités déjà hypercentralisée.

Santé et protection sociale, quelle boussole, quelle vision stratégique alors ? Les chiffres sur les comptes sociaux, ESE reviendra prochainement sur cette question majeure, accentuent l’impression de flottement et d’errance. Le pays quête toujours sa fameuse stratégie nationale de santé depuis bientôt 18 mois en dépit des annonces originelles. La politique de colmatage permanent ne saurait faire office de cap solide pour les différentes composantes de l’écosystème sanitaire. Le dernier rétropédalage sur les tarifs hospitaliers en est l’illustration la plus parlante. La convention médicale ressuscitée in extremis ne saurait être qualifiée de réformatrice. La mouture présentée l’an dernier le fut davantage, mais pavillon fut vite baisser face au rejet des syndicats. Quant aux retraites ou à la politique familiale, qui peut prétendre à une vraie cohérence ? L’épisode judiciaire sur les excès de recours aux consultants durant la crise de la Covid-19 contribue au désarroi des acteurs.

Sur le terrain, rares sont les anciens ministres de la Santé à défendre en privé, et parfois même en public, la pertinence de l’action des ARS. On les a détournés de leurs aspirations originelles disent-ils. Comble de la chose, le dernier rapport remis au gouvernement autour de la problématique du millefeuille administratif propose à demi-mot de les sortir du pilotage de l’organisation territoriale des soins primaires… surréaliste !
Prise dans son ensemble, la trajectoire actuelle inquiète. Les potentielles futures déconvenues électorales vont-elles engendrer un sursaut général ? Rien n’en est moins sûr.

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