C’est toujours comme cela en France. À chaque élection, le social est le réceptacle d’un tsunami de promesses du genre « on rase gratis ».
Une schizophrénie nationale bien ancrée ! L’ennuyeux dans cette affaire est que cette particularité laisse perplexe. Car les créanciers voient, une énième fois, s’éloigner la promesse d’un retour à une certaine raison budgétaire. Ne parlons pas de rééquilibrer les comptes publics et sociaux, c’est désormais hors de portée.
Il est de tradition d’estimer, du moins sur un plan idéologique, que le progrès social garantit à lui seul le succès électoral. Et, évidemment, améliore le bien-être du plus grand nombre. Si cette dernière acception est recevable, il n’en est pas toujours de même avec la première. Autrement dit, faire beaucoup de social n’est pas une sinécure politique dans la durée. Ce propos repose sur le rappel de l’histoire. Ce qui est essentiel. François Mitterrand en 1981, en dépit de réformes considérables (retraite à 60 ans, vives hausses des prestations sociales) dut subir une cohabitation en 1986. Puis une seconde en 1993. Lionel Jospin fut interdit de second tour de présidentielle en 2002 alors qu’il promut les 35 heures et d’autres progrès sociaux. Ce dernier a d’ailleurs mal vécu cet échec s’interrogeant sur une forme d’ingratitude du peuple. On pourrait pousser la démonstration avec François Hollande et même, pour une part, avec Emmanuel Macron. Car leurs quinquennats sociaux ne furent pas des enfers comme l’exagération ambiante le décrit !
Notre interrogation se double alors d’une autre question. Tout aussi dérangeante. Nos politiques sociales sont-elles efficaces ? Au sens que leurs premiers destinataires en soient véritablement les premiers bénéficiaires. Bref que ça marche. On a beau activer le « toujours plus », l’impact réel sur les modes et conditions de vie n’est pas forcément au rendez-vous. Tant s’en faut. Pouvoir d’achat, déserts des services publics, autant de vrais sujets mal traités par une conception trop verticale de l’action publique. Avec les conséquences électorales que l’on sait. Il suffit d’écouter, de débattre avec nos compatriotes sur le terrain pour se rendre compte de l’écart entre les belles envolées et les résultats au final. D’où l’exigence permanente, selon nous, de revisiter nos pratiques séculaires avant de pratiquer la course à l’échalote sociale. Mais cela, ce sera pour une autre fois…