« La création d’un cinquième risque pour la perte d’autonomie est une bonne nouvelle, même si le montant – 2,3 Mds – est pour le moins insuffisant, et l’horizon de 2024 trop lointain», a réagi Laurent Berger dans une interview aux Echos, vendredi dernier.
«Je pense qu’on n’a pas fini de prendre conscience collectivement de ce qui vient de se passer dans les Ehpad et l’aide à domicile. Cela a poussé le ministère à faire un saut important, et je veux souligner l’avancée majeure que représente le cinquième risque, avec un financement public universel et solidaire, une vieille revendication de la CFDT, même s’il faut avancer cette date bien avant 2024», poursuit le secrétaire général de la centrale. Il appelle à recruter, « payer décemment » et former « plusieurs dizaines de milliers de professionnels du grand âges supplémentaires ». Or, l’allongement de la Cades ne permettrait pas de récupérer suffisamment de CSG ou de CRDS pour financer la dépendance. Laurent Berger estime que le «financement de la dette exceptionnelle Covid se pose» et que «la question de taxer les transmissions au premier euro mérite également d’être posée ».
De son côté, la Mutualité Française « se félicite » de la création de cette nouvelle branche. « La responsabilité de la prise en charge du risque de perte d’autonomie est une responsabilité collective où la solidarité nationale doit jouer tout son rôle », souligne-t-elle dans un communiqué. La fédération plaide pour un « pilotage pluriannuel de ce risque qui s’inscrive dans le temps long et qui garantisse un financement sur l’ensemble du territoire ». Par ailleurs si un « premier pas significatif » est fait en termes de financement, une montée en charge est jugée « indispensable » pour répondre au besoin de financement estimé à 10 Mds € par an d’ici 2030 dans le rapport Libault. La recette spécifique à hauteur de 2,3 Mds € prévue par le gouvernement est ainsi jugée « tardive » et « insuffisante », dès lors « tous les dispositifs concourant à un financement solidaire » devront être envisagés.
« La revalorisation des métiers de la filière d’une part et la diminution des restes à charge assumés par les familles d’autre part doivent être au cœur de cette réforme », observe Thierry Beaudet, président de la fédération.
Enfin, la FNMF « est prête à prendre part aux travaux qui seront initiés par le Gouvernement (…) à la fois en tant qu’expert et comme force de proposition dans le domaine du grand-âge et du handicap». Les mutuelles couvrent 70% des plus de 65 ans et gèrent plus de 460 établissements et services pour l’accueil de ces publics, dont 221 Ehpad. En décembre 2018, le conseil d’administration fédéral avait adopté une vingtaine de propositions relatives au grand âge et à l’autonomie.