dans POLITIQUE DE SANTÉ

Ce que l’on sait (ou presque)

 

  • L’efficacité et l’innocuité du vaccin Pfizer-BioNTech est quasi certaine. Un succès mondial (pour les pays qui le reçoivent). Excepté, par définition, le recul sur la durée de l’immunité et peut-être la double protection en matière de contagiosité (pour le patient et envers les contacts sociaux du patient).
  • Pour les autres vaccins, a priori Moderna et Astra-Zeneca sont à peu près au même niveau d’efficience. Besoin de recul encore sur Astra-Zeneca s’agissant de son efficacité sur les 65 ans et plus. Résultat de l’évaluation de l’EMA (Agence européenne du médicament) d’ici 4 à 5 jours, puis début février par la HAS, normalement.
  • Tous les laboratoires en première ligne sur les livraisons de vaccins annoncent un retard dans le flux des livraisons. En gros, il manquerait par semaine 5 à 10 millions de doses au minimum pour l’Europe. En cause, la question des capacités de production : les chaînes de production sont à flux tendus vu les commandes de plus en plus nombreuses qui affluent.
  • Pfizer et Moderna assurent que leurs vaccins sont efficients face aux nouveaux variants britannique et sud-africain. Pas d’info à ce jour sur le variant brésilien, israélien ou autres. Bonne nouvelle, à prendre avec prudence toutefois.
  • Côté français, c’est hélas, pour le moment, la Bérézina. La R&D vaccinale de Sanofi semble très en retard. Du coup, le calendrier énoncé en novembre dernier par les ministères de la Santé et de l’Industrie tombe à l’eau car faute de relais massif pour quelque 15 à 20 millions de personnes, non urgemment vaccinables… Rien de significatif à espérer avant octobre/novembre prochain. Pire, l’Institut Pasteur a annoncé hier avoir arrêté le développement de son principal projet de vaccin faute de résultats probants… Tout un symbole.

 

Ce que l’on ne sait pas (ou presque)

 

  • On peut avoir le tournis des chiffres ! Le calendrier vaccinal européen et français, élaboré fin 2020, sera-t-il respecté ? Il faut au moins, en France, garantir la disponibilité de 80 à 90 millions de doses d’ici fin juin prochain pour atteindre les 20 à 25 millions de patients vaccinés (sur un potentiel de 50 millions). Avec au minimum 11 millions de doses fin février, 20 fin mars, 35 à 40 fin avril, 55 fin mai et le «solde» soit encore 35 à 45 millions de doses sur le seul mois de juin. En tendanciel hebdomadaire, cela veut dire un flux moyen de livraisons de l’ordre de 4 millions de doses. Réalisable ?
  • Vu la contrainte ci-dessus, Olivier Véran, ministre de la Santé, n’a-t-il pas pêché par excès d’optimisme sur TF1 jeudi 21 janvier en annonçant 45 millions de Français vaccinés fin juin et même 70 millions à la fin de l’été ? Or, notre ministre devant les commissions parlementaires, quelques jours avant, parlait de 15 millions de patients vaccinés certains fin juin (soit un minimum de besoin de 45 à 50 millions de doses disponibles). Là aussi, l’incertitude plane. Le calendrier vaccinal, conciliant les capacités vaccinales sur le terrain avec le rythme des injections prévues est bousculé. Il faut avoir à l’esprit une inadéquation logique entre les stocks accumulés et la consommation récurrente de doses. Pour des motifs d’évidence scientifique et logistique ainsi que le fait qu’il faille garder un stock stratégique au cas où …
  • À cela on doit ajouter des cas nombreux de défaut d’approvisionnement sur le terrain, y compris dans les établissements de santé (note FHF) voire les centres agréés par les ARS. Sans négliger les délais fixés aux patients âgés en ville, parfois de plusieurs semaines.
  • Pour les autres vaccins (Curevac et Jansen), les autorisations de mise sur le marché sont attendues plus tard. Quant aux vaccins russe et chinois, on attend toujours les données et études de phase 3 …
  • L’appétence vaccinale est là. Une bonne nouvelle. Mais, déjà, le risque de déséquilibre entre l’offre vaccinale et la demande est patent. Les personnes âgées, les personnels soignants sont entrés dans l’acte préventif à un taux moyen de 70%. Mais, les modalités d’accès au vaccin sont plutôt aisées puisque la campagne s’opère dans les structures de travail et d’hébergement. Tout autre est la difficulté de tenir le rythme pour des patients «extérieurs», y compris pour les 75 ans et plus vivants dans leur domicile. De ce fait, plane une incertitude sur le rythme journalier acquis de 120 000 / 150 000 actes sur la durée. On rappellera l’exigence de concilier à moyen terme un niveau élevé de livraisons de doses et une capacité vaccinale journalière qui doit croître jusqu’au seuil de 200 000 d’injections mensuelles à compter de février puis 300 000 en mars, voire davantage dès avril-mai. C’est le rythme à tenir pour atteindre le seuil de 25-30 millions de patients avant l’été, nouvel objectif plausible.
  • Le recours à la 6ème dose par flacon n’est pas totalement acté pour cause, entre autres, de matériels ad hoc. De même, le temps de latence séparant la première injection de la seconde, de 4 à 6 semaines, validé par la HAS, est aussi acté. Incertitude quand même.

 


Photo : Première vaccination d’un résident en Ehpad, le 7 janvier 2020. Philippe Chagnon / Cocktail Santé
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