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Le représentant des industries du médicament organisait hier un point presse pour exprimer ses craintes à l’aune de la présentation du PLFSS 2026. Pour le LEEM, priorité doit être donnée à la défense de la filière made in France dans un contexte international de plus en plus concurrentiel.

Malgré le flou entourant le contexte politique actuel, le LEEM a tenu à présenter hier plusieurs mesures pour tenter de relancer la dynamique d’un secteur industriel en décrochage vis-à-vis de ses concurrents européens et mondiaux.

Pour son président, Thierry Hulot, l’heure n’est plus à l’attentisme, mais à redéfinir un cap pour retrouver «une France qui s’approprie l’innovation, une France qui gagne». Malheureusement, le constat est aujourd’hui plus pessimiste que jamais avec des turbulences internationales pouvant à terme impacter directement l’accès aux médicaments. Notamment, les plus innovants.

Pour le président du LEEM, les Etats-Unis font aujourd’hui pour la santé le même diagnostic qu’ils ont pu faire pour leur industrie de défense à savoir la nécessité d’aligner les prix domestiques sur les tarifs les plus attractifs à l’international. Conséquence, ce sont près de 300 Mds € qui seront investis dans la R&D outre-Atlantique pour contourner les droits de douane. En parallèle, la Chine a mis en place un plan pluriannuel avec une vision de long terme pour son marché. Face à cette réalité, l’Europe et la France doivent d’urgence se doter d’une politique du médicament ambitieuse et réaliste. En ce qui concerne le marché français, les problématiques de fond perdurent : les problèmes de délais d’accès persistent avec plus de 500 jours pour les médicaments innovants et parfois près de 1 800 jours pour des vaccins. Impact direct, le taux de disponibilité des nouveaux médicaments est en baisse à 60 % en 2024 (66 % en 2016) contre 89 % en Allemagne et 83 % en Italie.

En parallèle, le LEEM déplore qu’en l’absence d’un cap politique fort, les «vieux réflexes» aient la vie longue. D’ailleurs, dans le cadre de la préparation du prochain PLFSS, la DSS aurait fait part de son intention de réformer le périmètre fiscal en ajoutant à la clause de sauvegarde, une nouvelle taxe sectorielle reposant sur le chiffre d’affaires des industriels. Une décision qui viendrait «encore une fois fragiliser la chaîne de valeur» des acteurs alors que «nous voulons que ce pays crée de l’emploi, et attire de la recherche et des essais cliniques».

A contrario, le représentant des industries du médicament préfère rebondir sur les propos tenus récemment par la présidente du CEPS, Virginie Beaumeunier, préconisant l’application rapide d’un certain nombre de recommandations formulées il y a deux ans par la mission Borne : développer une logique pluriannuelle privilégiant une démarche conventionnelle, définir une enveloppe dédiée à l’innovation, valoriser les investissements industriels réalisés sur le territoire national dans la fixation des prix des médicaments…

Dans ce contexte de décrochage accéléré, «l’heure des choix est arrivée», conclut Thierry Hulot. Le Leem demande donc à rencontrer le Premier ministre dans les plus brefs délais, et ne pas attendre le rendez-vous électoral de 2027, pour définir «ensemble» une nouvelle politique du médicament. En parallèle, il appelle aussi à l’organisation des États généraux du médicament. Un événement qui devra intégrer toutes les parties prenantes, car il y a «urgence à agir».


Illustration : Freepix
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