La ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, le ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie et le ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention ont dévoilé le 22 février la stratégie du gouvernement visant à «garantir la disponibilité des médicaments et assurer à plus long terme une souveraineté industrielle».
«La question de l’accès aux médicaments s’inscrit dans le quotidien de chacun et chacune de nos concitoyens et concitoyennes (…) Il s’agit d’un enjeu national, européen et mondial, tous les pays à travers le monde connaissent des tensions d’approvisionnement», a souligné le Dr Grégory Emery, directeur général de la santé lors d’un point presse.
En 2023, près de 5000 signalements de risques de tension et de ruptures (+ 30% par rapport à 2022) ont été recensés par l’ANSM.
Cette feuille de route repose sur quatre piliers : «innover», «produire», «distribuer», «prescrire et soigner». Elle comprend assez peu de mesures nouvelles et reprend notamment les dispositions prévues par la LFSS 2024. Le premier grand axe vise à mieux détecter et à mettre en place un «plan d’action gradué face aux tensions d’approvisionnement et aux pénuries». Il est ainsi prévu de renforcer et diversifier les canaux de remontées des signaux de tension aux autorités sanitaires «afin de pouvoir les détecter et mettre en œuvre des mesures de gestion le plus précocement possible». Et les 450 médicaments essentiels (dont la liste a été publiée en juin dernier) font l’objet d’une surveillance renforcée par l’ANSM (notamment concernant les obligations de constituer un stock de sécurité minimal pour les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, MITM). En cas de pénurie, un plan blanc pourra être activé par la ministre de la Santé incluant notamment la dispensation obligatoire à l’unité, ou le recours aux préparations hospitalières spéciales, préparations officinales spéciales.
De «nouvelles actions de santé publique» sont prévues. Parmi ces dernières, une plus grande transparence et une «optimisation» de la liste des MITM. Un tableau d’équivalence sera établi par l’ANSM, après information de la HAS, en anticipation d’une pénurie pour permettre aux pharmaciens d’officine de remplacer les médicaments en rupture par un autre. Autre levier, l’alimentation des logiciels d’aide à la prescription et à la dispensation avec les alternatives. Les mesures de bon usage des médicaments essentiels, dont les antibiotiques seront également renforcées, en particulier à travers la sensibilisation du grand public. Une adaptation des conditionnements est évoquée.
Sur le plan économique, l’objectif est «d’augmenter les capacités de production sur notre territoire et de relocaliser les médicaments stratégique», a précisé Mathilde Bouchardon, conseillère santé, agroalimentaire et produits de grande consommation au cabinet de Roland Lescure. Dans ce cadre, Emmanuel Macron avait annoncé la création d’un guichet «Relocalisation ou renforcement de la chaîne de valeur des médicaments essentiels», en juin dernier. Cette stratégie est portée par les investissements France 2030. A l’échelle européenne, la réduction des dépendances stratégiques en matière de santé et de médicaments constitue l’objectif central du Critical Medicines Act.
Enfin des mesures de transparence sont prévues, notamment l’amélioration de l’information des prescripteurs en intégrant la disponibilité des médicaments dans les logiciels d’aide à la prescription. L’ information directe des patients lors de la dispensation sera en particulier renforcée.