À l’aune du PLFSS 2024, et alors que les problèmes d’approvisionnement persistent, l’épineuse thématique de la politique du médicament made in France revient sur le devant de la scène.
Vieux débat s’il en est, mais si révélateur de certains maux dont souffre notre système de santé. Et pourtant ce ne sont ni les différents rapports d’experts, ni les promesses électorales et ni les décisions du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) qui manquent.
Le poids du médicament dans les dépenses annuelles de santé reste prépondérant. En terme marketing, la France est ce qu’on appelle un pays « vache à lait » pour l’industrie du médicament. Autrement dit, un marché à gros volume de vente de produits à faible valeur ajoutée. Une position dans laquelle nous sommes enfermés depuis trop longtemps. Qu’il est loin le temps quant au début des années 2000 nous étions alors le premier marché européen, et de loin. Pis, notre décrochage sur le plan de la recherche, du développement et plus globalement, de l’attractivité, semble inexorablement impossible à enrayer.
Qui blâmer ? À vrai dire, la faute repose sur de multiples facteurs.
Même si, il serait compliqué d’omettre les particularismes de notre modèle de financement si singulier à l’échelon mondial. Car si d’un côté nos dépenses de médicaments, largement socialisées, rassurent les industriels quant à la pérennisation de leur chiffre d’affaires, il paralyse toutefois (en partie) l’accès à des innovations thérapeutiques davantage portées par des dynamiques de marchés étrangers dont les mécanismes de financement sont bien plus souples que les nôtres. Paradoxe français, un de plus, au moment où l’on vient à manquer de médicaments le gouvernement songe sérieusement à doubler la franchise médicale tout en revendiquant l’idée de mettre en place un New Deal en vue de relancer la machine ! Ou comment intentions politiques et arbitrages administratifs s’entrechoquent… autant dire que nos partenaires européens n’ont pas fini de se gratter leur tête quant à la lisibilité de notre ligne stratégique en matière d’industrie de santé. On les comprend.
Et pourtant, à défaut de faire une Europe de la santé, bon nombre d’acteurs avancent qu’une partie de la solution à nos problèmes structurels passerait par une Europe du médicament ? Si l’intention est noble, la réalisation reste pour le moment hautement utopique.