dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

Comme une antienne, le thème de « l’hôpital public se meurt » revient une fois de plus sur le devant de la scène médiatico-politique avec son lot de réalités et de fantasmes.

Oui, il existe des failles dans l’organisation hospitalière mais non, le secteur dans sa globalité n’est pas au bord du précipice. Opter pour une grille d’analyse figée sur le nombre de lits disponibles et l’évolution des grilles salariales est réducteur du mal-être ambiant. Pour preuve, les établissements ayant développé une approche managériale souple, optimisant le pilotage entre direction et corps médical, en sortant de mode de fonctionnement militaro-administratif, réussissent à créer les conditions permettant d’améliorer conjointement les conditions de travail et une prise en charge de qualité des patients.

Il est utile de regarder ailleurs pour entrevoir un début de solution, cela devrait même être un réflexe. Les hôpitaux scandinaves sont des exemples à regarder de près, car malgré l’impact non négligeable que la crise sanitaire a pu avoir sur leur activité, ils sortent de cette séquence moins fragilisés que leurs homologues français.
Le remède peut sembler étrange mais le seul moyen de pérenniser l’hôpital est qu’il y ait moins d’hôpital. Un hôpital moins acteur global de santé se « cantonnant » à sa juste place, soit celle de l’acteur référent en matière de soins secondaires et tertiaires. Le cumul des failles systémiques (apparitions de désert médicaux, pratique non généralisée du tiers-payant, peu de recours au numérique…) a fait que l’usager s’est tourné vers les hôpitaux. Or, ceux-ci ne sont ni pensés ni structurés pour faire face à cette demande de soins. Paradoxalement, un recentrage sur ses missions socles ne dépend pas que de lui mais surtout, des acteurs de ville. Tant que la médecine libérale ne se sera pas suffisamment structurée et coordonnée en vue de créer un maillage territorial de premier recours performant, une logique de « gatekeeper » du parcours de soins en somme, toute tentative de redonner ses lettres de noblesse à l’hôpital public sera veine.

Le raisonnement est simple mais pas forcément simpliste : il faut non seulement avoir moins de patients dans nos établissements de santé mais surtout, s’assurer que seul le bon profil d’entre eux y soit pris en charge. Et pour cela, la balle est dans le camp des acteurs de ville et de l’Assurance Maladie

Articles recommandés

Tapez votre recherche et pressez ENTREE pour la valider