Franck von Lennep, directeur de la Sécurité sociale est revenu hier sur le transfert de 500 Ms € de l’AMO vers les complémentaires, via une hausse du ticket modérateur de 30 à 40% pour les soins dentaires.
«Ce montant n’est pas une surprise pour les complémentaires» a-t-il assuré lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis). Et d’ajouter : «il faut bien avoir en tête que beaucoup de choses se passent dans les prises en charge de l’Assurance Maladie et des complémentaires», évoquant l’intégration des produits de contraste dans les forfaits d’imagerie qui générera une économie de 70 Ms € pour ces organismes.
«Depuis 2010, la Sécurité sociale a vu sa part augmenter dans la dépense de santé. La Sécurité sociale n’est pas en train de se désengager, nous essayons seulement de faire en sorte que chacun des payeurs, la Sécurité sociale et les organismes complémentaires, ait une dynamique de dépenses qui soit équivalente», a poursuivi le «patron» de la Sécurité sociale.
Une semaine après les Assises des finances publiques, Franck Von Lennep a également été interrogé sur les pistes évoquées par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, dans le champ des dépenses de santé. Soulignant «qu’aucune mesure n’est jamais arbitrée en juin pour le PLFSS présenté en septembre», il a évoqué plusieurs leviers pour le médicament et rappelé la mission en cours sur les produits de santé. Des propositions sur les prix seront notamment formulées. Par ailleurs pour agir sur le «volume» des prescription, la mise en place d’un système incitatif pour les prescripteurs ou le fait de recourir à «davantage d’accords préalables, comme cela se fait dans d’autres pays» ont été mentionnés. Autre piste «parmi d’autres», une mise à contribution des assurés dans une «forme de responsabilisation pour que les gens aient conscience de ce que coûte le médicament».
Concernant cette fois, les arrêts maladie, un chapitre du prochain rapport Charges et Produits de la CNAM devrait être consacré aux IJ. Sur ce point, le directeur de la Sécu a évoqué le dynamisme de ces dépenses lié à un «effet prix», sous l’effet de l’augmentation du Smic et l’inflation, ainsi qu’à un «effet volume», avec une augmentation de l’absentéisme.
Parmi les autres sujets d’ampleur pour la Direction de la Sécurité sociale, la réforme de la T2A, alors que le président de la République avait annoncé une concrétisation dès le PLFSS 2024. «Nous travaillons dans cet objectif. La réforme elle-même, je pense, sera présentée en septembre», a indiqué Franck von Lennep pointant la complexité de ce chantier.
Concernant la Complémentaire Santé Solidaire (CSS), il a évoqué pour l’année dernière un «effet massif» suite à l’attribution automatique aux bénéficiaires du RSA. Pour l’Aspa, l’effet devrait être moins important. D’une part, le nombre de bénéficiaires est moins élevé, et d’autre part il ne s’agit que d’une présomption (qui s’applique depuis avril 2022) : la mesure concernant le volet contributif de la CSS, l’automaticité ne peut s’appliquer. «Le sujet est moins juridique qu’opérationnel, c’est aussi la capacité à convaincre les gens un par un qu’ils ont intérêt à y aller. Nous continuons à réfléchir aussi pour étendre cette présomption à l’AAH et à d’autres dispositifs», a observé Franck von Lennep.