Par les temps qui courent, il semble convenu que le gouvernement essaie par bien des biais de freiner le rythme des dépenses d’Assurance Maladie qui n’en finissent pas de déraper.
Que ce soit la hausse du ticket modérateur sur les consultations, l’encadrement renforcé des enveloppes hospitalières, le « je te prends / je te redonne pas » des clauses de sauvegarde. Bref, tout y passe. Et pourtant, existe une piste qui semble peu explorée : demander aux Français, tout du moins ceux qui le peuvent, à savoir une majorité d’entre nous, de refréner une consommation médicale pas nécessairement objective.
Une provocation que de tenir un tel propos ? Pas vraiment, car plusieurs chiffres récemment publiés laissent songeurs. À commencer par ceux relayés par l’Assurance Maladie sur notre consommation de médicaments. Avec 41 boîtes prescrites et remboursées par an et par usager, nous gardons notre titre peu envieux de champion d’Europe. La faute aux médecins ? Que nenni quand 83 % d’entre eux déclarent subir une forme de pression de la part du patient pour que lui soit prescrit quelque chose. Si la branche Maladie, de coutume très mesurée dans sa communication, indique vouloir opérer « une prise de conscience » chez les patients, c’est que les choses deviennent sérieuses. Voire, qu’elles dérapent. Que dire aussi du rapport de la Cour des comptes pointant, après analyse faite des passages aux urgences, que près de 18 % des patients n’ont vraiment rien à y faire et plus de 50 %, à peine plus. Surconsommation, sur-fréquentation… les « sur-quelque chose » ont le vent en poupe.
En cela, nous continuons de payer le prix fort d’années à minorer les questions d’éducation à la santé. Quand, on ne les a pas tout simplement mises de côté. Les différents gouvernements qui se sont succédés n’ont que peu traité la question. Pas assez vendeur ou trop complexe dira-t-on, à tort. Il est vrai qu’aborder sur les plateaux TV la gratuité des soins semble plus audible aux oreilles des usagers que de parler de consommation médicale raisonnable et raisonnée.
Plus largement, il semble compliqué de décorréler le thème de la pertinence des soins avec celui de la responsabilité collective. Une exigence, quand on parle des professionnels de santé, mais qui ne serait pas plus qu’une option facultative lorsqu’il est question du consommateur du soin ? Le raisonnement a ses limites. Nous ne pouvons continuer ainsi. Car comme le disait si bien le fameux adage des années 90 : « La Sécu, c’est bien. En abuser, ça craint ! »