dans PRÉVOYANCE

La réforme du 100% santé, permettant l’accès à des soins sans reste à charge en dentaire, optique et audiologie est pleinement entrée en vigueur
le 1er janvier dernier. Retour sur les premiers enseignements au sein du Groupe VYV, dans un contexte très perturbé par la crise sanitaire,
avec André-Charles Puech, directeur délégué assurance.

Quel premier bilan global faites-vous de l’application
du 100% santé au sein du Groupe VYV ?
Au niveau du Groupe VYV nous constatons parfois des disparités entre nos différentes entités. Elles sont plutôt liées au portefeuille des mutuelles puisque nous recouvrons à la fois la fonction publique d’État, la fonction publique territoriale, des salariés et des personnes protégées à titre individuel, tout ceci implique une diversité de profils des adhérents et des types de «consommation».
Nous restons très prudents dans nos analyses, car le régime du 100% santé n’est pas totalement stabilisé. Nous constatons certes une augmentation des prestations pour l’optique, le dentaire, et l’audioprothèse mais nous ignorons quelle est la part de l’effet rattrapage lié au Covid en 2021 et celle du 100% santé.
À propos des conséquences attendues de la réforme, nous observons des résultats positifs en termes de santé publique concernant le renoncement aux soins. En revanche, il n’est pas certain que ces effets soient équitablement répartis au sein de la population. Les comportements face à la santé peuvent-être très différents entre milieu urbain et rural, ou selon les profils sociaux-économiques. Pour nous mutuelles, l’enjeu est aussi de promouvoir ces dispositifs et nous avons un devoir de pédagogie auprès de nos adhérents.
Quels sont vos principaux constats pour les trois postes de soins concernés ?
Sur l’optique, l’ambition de la réforme était surtout de proposer des lunettes moins chères et de qualité, plus que l’accès aux soins. Or, cet objectif n’est pas atteint, car le taux d’utilisation du panier A (correspondant au 100% santé) ou mixte (une partie de l’équipement en 100% santé) est aux alentours de 6 à 7% et s’avère inférieur à nos projections de 20%. Il faudra analyser ces résultats avec l’ensemble des acteurs du secteur pour connaître les raisons de ce faible recours. Une des difficultés avec l’optique a trait aux critères esthétiques entrant en jeu dans le choix de la monture.
À l’inverse, en audiologie la réforme rencontre un grand succès. Beaucoup plus de personnes sont désormais appareillées en audioprothèses, de ce point de vue l’objectif d’améliorer l’accès à ces équipements est rempli. Les prestations ont ainsi doublé par rapport à 2019, avec un taux de recours au 100% santé de près de 40%.
Le dentaire a lui aussi été impacté par la crise sanitaire, mais il est reparti plus vite que les deux autres postes. Le but de la réforme était de limiter le renoncement aux soins. Il y a eu une nette augmentation des prestations, mais là encore nous ne pouvons pas mesurer la part du 100% santé. Cette hausse concerne principalement les actes prothétiques, or la réforme visait également les soins conservatoires qui sont en forte baisse. Le coût des prestations dentaires s’est accru de 45% en 2021, elles représentent quasi 20% des dépenses de santé des mutuelles dont plus de la moitié dans le 100% santé.
Avez-vous une première estimation concernant le coût global
de la réforme pour votre groupe ?

Compte tenu de l’impact du Covid et des confinements sur la consommation de soins et les prestations, il n’est pas possible pour l’heure de chiffrer le coût de la réforme. Mais le report des soins est certainement en grande partie derrière nous, d’ici la fin de l’année nous devrions pouvoir faire émerger les véritables effets du 100% santé, ce qui nous permettra ensuite de dresser un réel bilan de l’utilisation de ce dispositif.

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