dans POLITIQUE DE SANTÉ

Dans un rapport publié le 9 février, la Cour des comptes préconise de «refonder» la politique de santé des enfants pour réduire les inégalités sociales et territoriales.

Pour les sages de la rue Cambon, l’état de santé des moins de 12 ans «apparaît comme contrasté par rapport aux pays comparables de l’Union Européenne ou de l’OCDE». L’amélioration globale observée masque des inégalités sociales «très marquée dès le plus jeunes âge» et des disparités territoriales. Pour dresser ces constats, la Cour s’appuie sur une étude conduite à son intention par l’Institut national d’études démographiques (Ined) à partir des données de la cohorte Elfe (Étude Longitudinale Française dans l’enfance). Les facteurs socio-économiques familiaux comme les revenus du foyer ou le niveau de diplôme de la mère apparaissent déterminants sur la plupart des événements de santé des enfants. Ainsi, les problématiques liées au poids, trop petit ou trop élevé à la naissance, puis surpoids et obésité, sont directement liées à la «situation de vulnérabilité des foyer».

La lutte contre les inégalités de santé, régulièrement affichée comme un axe majeur d’intervention pour les pouvoirs publics, se heurte à «la pluralité des acteurs institutionnels impliqués» (ministères de la Santé, de l’Education nationale, Assurance Maladie, services départementaux de PMI, etc). Et face aux priorités de chacun et à ses objectifs propres, la définition «dans la durée» d’une politique cohérente dans ce champ paraît illusoire.

De même, si de nombreux dispositifs de suivi sont mis en place depuis le plus jeune âge (20 examens médicaux et 5 examens bucco-dentaires), les résultats s’avèrent «très difficiles à suivre» et ont une «portée limitée». Les dépenses publiques de prévention et de prise en charge des soins pour les moins de 12 ans s’avèrent restreintes représentant près de 4,5 % des dépenses d’Assurance Maladie, soit 8,9 Mds €, en 2019.

Les magistrats rappellent les difficultés importantes rencontrées par les réseaux de PMI et de santé scolaire qui «s’inscrivent plus largement dans un mouvement de disparition progressive et d’éparpillement des compétences médicales et paramédicales spécialisées de l’enfant, en particulier en ville». En 2019, les pédiatres ont assuré seulement 33% des consultations pour les moins de 12 ans concentrant leur activité sur les moins de 2 ans habitant dans de grands pôles urbains et issus de milieux sociaux favorisés. Pour la Cour, renforcer la politique de santé en faveur des enfants afin de lutter contre les inégalités sociales et territoriale implique de «redéfinir le parcours de santé des enfants autour de la prévention et du médecin traitant, en l’inscrivant dans un cadre d’action territorialisé adapté aux besoins et aux ressources du territoire, et en s’appuyant sur le levier de la transformation numérique».
Plusieurs recommandations concernent également l’amélioration de la gouvernance et du pilotage ainsi que le renforcement de l’offre de soins.


Photo : Stéphanie Hasendhal / Cocktail Santé
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