A l’occasion de la présentation de son baromètre annuel de l’attractivité de l’industrie du médicament, le LEEM a tenu à aborder le thème du système de santé français face à ses injonctions contradictoires. L’occasion d’appeler à un sursaut pour éviter un décrochage industriel du pays.
La directrice générale du LEEM, Laurence Peyraut a introduit hier l’édition 2025 du Baromètre de l’attractivité en tirant la sonnette d’alarme en rappelant que « dans le contexte actuel, l’Europe et la France du médicament sont à un tournant. Elles doivent choisir d’investir dans la santé de leur population ». Pour le représentant des industries du médicament, l’heure est donc au choix pour un secteur qui a été encore récemment désigné comme stratégique dans le cadre du plan France 2030.
«Nous portons deux valeurs essentielles. Humaine d’abord, car nous contribuons à soigner des patients. Et économique, car nous créons de l’activité et de la valeur dans nos territoires », précise d’ailleurs la DG du LEEM en pointant l’importance de l’industrie du médicament au sein du tissu économique national. A l’heure où les arbitrages autour des futurs PLF et PLFSS vont être rendus, Laurence Peyraut appelle les pouvoirs publics à changer de cap à l’heure où le marché français «décroche sous l’effet ciseau des prix les plus bas avec la fiscalité la plus lourde».
Le Baromètre dans son édition 2025, portant sur des données 2024, se fait l’écho de ces propos en relevant «les nombreux paradoxes d’un secteur présentant des atouts et des fragilités».
C’est ainsi que malgré le contexte industriel, la France reste le 2e plus gros marché européen avec des dépenses pharmaceutiques atteignant les 35 Mds € (60 Mds pour l’Allemagne et 21 Mds pour le Royaume-Uni). Parmi ces atouts, on relèvera qu’elle reste le deuxième bassin d’emplois industriels avec 98 043 salariés en 2023 (+2,4 % par rapport à 2022) et qu’elle maintient son leadership en R&D, notamment sous l’impulsion de mesures fiscales comme le crédit impôt recherche. La France occupe également la 3e place européenne en matière de brevets pharmaceutiques déposés et des essais cliniques réalisés. Sur ce dernier point, si l’Espagne et l’Allemagne sont devant, l’Italie et le Royaume-Uni commencent à rattraper leur retard. Autre atout mis en avant dans ce baromètre, les données de santé avec une base de données, issue du SNDS, couvrant 99 % de la population française. Malgré tout, des problématiques de délai d’accès perdurent.
A l’opposé, l’étude pointe de multiples facteurs de risque pour les perspectives des industries à commencer par le prix des médicaments. En France, ils sont 11 % moins chers que la moyenne européenne dans le cas de médicament sans concurrence générique et de 16 % avec. La fiscalité sectorielle est l’autre point noir avec un taux de prélèvement le plus élevé d’Europe (60 %) et un mécanisme de clause de sauvegarde, pesant pour 6 % du chiffre d’affaires sectoriel, tendant à se pérenniser. Le Baromètre indique en outre que, quand le taux de disponibilité des nouveaux médicaments sur le marché français baisse également face à ses principaux concurrents, les délais d’accès à ces dispositifs continuent d’être les plus longs d’Europe avec l’Espagne avec 523 jours en moyenne (hors médicaments accès précoces). Plus problématique, le LEEM indique que nos voisins ont entamé des réformes de fond portant sur simplification sur de ces délais d’accès là où les mesures préconisaient dans le rapport Borne n’ont toujours pas été mises en place. Conséquence directe, cette édition indique que 92 % des directions des laboratoires interrogés dans le cadre de cette étude estiment que la France n’est plus attractive pour leur secteur.
Pour le LEEM, l’heure n’est non plus aux «intentions, mais aux réalisations» au moment où le pays stagne face à la compétition européenne. Le représentant des industriels du médicament appelant à enclencher une réelle révolution dans l’accès aux innovations dans le cadre de la définition d’une vision à long terme des politiques de santé.
