La mission indépendante sur l’évaluation de la gestion de la crise Covid-19 et sur l’anticipation des risques pandémiques, présidée par l’épidémiologiste suisse Didier Pittet, a remis hier son rapport définitif à Emmanuel Macron.
Première confirmation, la France figure parmi les 33 pays très affectés par l’épidémie (plus de 1 000 décès par million d’habitants au 1er mars). «Avec 1 332 décès par million d’habitants, elle se situe nettement au-dessus de la moyenne européenne (1 092 décès par million), même si la situation du continent s’avère extrêmement variable», soulignent les experts. Ils pointent en outre les fortes disparités régionales de 5% en Bretagne à 30% en Île-de-France, selon les données de l’Institut Pasteur.
En analysant chronologiquement la lutte contre l’épidémie, ces travaux confirment l’ «insuffisance du niveau de préparation à la crise », déjà largement soulignée dans le rapport d’étape remis en octobre dernier, ainsi que la «faiblesse de l’anticipation». Sur ce dernier point, la mission revient en particulier sur la «trop lente montée en charge des capacités de test» ainsi que sur des confinements trop tardifs en mars et «surtout» novembre 2020. En prenant exemple sur les États-Unis ou la Grande-Bretagne, l’absence de création d’«une taskforce intégrée» qui aurait pu prendre en charge l’organisation de la campagne en amont de l’arrivée des vaccins est regrettée.
La complexité de la gouvernance et la «centralisation excessive» sont également soulignées. Toutefois, les «autorités ont su tirer les enseignements de leur expérience pour améliorer le pilotage au fil des mois», constatent les experts. Ils évoquent notamment une «approche plus transversale», les progrès en matière de système d’informations et de communication, ou encore la concertation avec les parties prenantes au niveau local mise en œuvre par les préfets de département qui a permis des mesures territoriales différenciées.
Autres points positifs mis en lumière par ce rapport : «la réactivité, l’engagement et la mobilisation des acteurs» mais aussi une réponse économique «globalement à la hauteur du choc», y compris par comparaison internationale.
Quarante propositions sont également formulées en vue de mieux préparer les prochaines crises ; de «renforcer la santé publique, l’expertise scientifique et le pilotage de l’offre de soins» ; d’ «organiser un retour d’expérience à l’échelle des institutions et de la société et évaluer de manière approfondie les impacts de la crise».
Photo : Académie de médecine