dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

Avec un peu de recul, l’observateur de la chose publique et sociale que nous sommes ne saurait cacher sa perplexité sur la stratégie du président de la République quant au dossier retraite. Une question susceptible de revenir dans le débat public.

Le récent rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) sur les projections à long terme du système français de pension vieillesse se veut moins alarmiste que le scénario implicite exprimé par le chef de l’État. Alors, qui a tort, qui a raison dans ce dossier ?
On doit penser que les experts du COR sont des gens sérieux et impartiaux dans leurs travaux. Tout indique que la part tendancielle des dépenses de retraites baissera dans le PIB sur le long terme. Et que les attendus d’une réforme courageuse se concrétiseront dans les faits d’ici une grosse dizaine d’années. Alors pourquoi ce tintamarre politique autour d’une urgence à agir ? Certes, la Covid-19 provoque aussi une crise économique sans précédent. Mais quel système de retraite au monde, même les régimes dits « en points » peut s’enorgueillir de ne pas avoir souffert ? On s’interroge alors sur la qualité de la stratégie d’Emmanuel Macron dans cette affaire. Il y a peu, en relançant le débat, le président a jeté un trouble dans l’opinion. Laquelle, ô surprise, ne veut pas entendre parler de réforme du moins avant le grand rendez-vous électoral de mai 2022.

Deux voies d’initiative s’offrent alors au chef de l’État. Soit agir dès l’automne dans le cadre du PLFSS 2022 et prendre le risque d’une énième crise sociale. Ou alors, procrastiner le dossier et le renvoyer à l’après 2022. Dans les deux cas, le président pourrait être considéré comme perdant. À gauche parce qu’il réforme ; à droite parce qu’il ne réforme pas. Désolé Monsieur le Président, il est des périodes où il faut savoir changer de sujet, déplacer le terrain du débat politique et ne pas en faire une question d’amour-propre. Surtout au moment où la qualité de sortie de la crise sanitaire décidera du sort politique du pays.
Ajoutons à cela que les partenaires sociaux en charge des régimes complémentaires ouvrent le chantier du retour à l’équilibre de l’Arrco-Agirc. Qu’on les laisse tranquilles ! Ils savent être responsables. Comme quoi le projet de 2019 était vraiment inopportun.

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