L’Igas vient de publier son rapport d’évaluation consacré au parcours des jeunes majeurs, au moment de leur sortie de l’aide sociale à l’enfance (ASE).
Depuis la loi du 7 juillet 2022, les jeunes majeurs quittant ASE bénéficient d’un droit à l’accompagnement, jusqu’à leurs 21 ans. Toutefois, son application reste très inégale, constate l’Igas dans son rapport. Leurs parcours apparaissent pourtant émaillés de difficultés, notamment pour accéder à un logement ou une formation. A sa sortie de l’ASE, un accompagné sur deux n’est ni études, ni en emploi (contre 15% dans la population générale).
En 2023, quelque 204 000 enfants étaient confiés à l’ASE, soit une hausse 33 % depuis 2016 face à des difficultés structurelles importantes. Chaque année, 30 000 enfants de l’ASE deviennent majeurs. Parmi ces derniers, 1/3 étaient mineurs non accompagnés, 1/5 souffrent d’un handicap et 9% des jeunes filles sont déjà mères (contre 0,7% en population générale). En outre, une partie d’entre eux sont en rupture avec les institutions. L’Igas souligne donc la nécessité de «développer des parcours adaptés».
Les moyens des départements consacrés à l’accompagnement des jeunes majeurs issus de l’ASE sont estimés à 1,2 Md €. Mais l’accompagnement proposé se révèle disparate. «Les nombreux outils institués par les lois successives pour structurer le parcours du jeune et soutenir son accompagnement vers l’autonomie ne sont que peu mobilisés», relève la mission. De même, l’ «inconditionnalité de l’accompagnement» n’est pas respectée par tous les départements. La moyenne nationale du taux d’accompagnement atteint 51%, mais il varie fortement. Dans les départements contrôlés par l’Igas, il est compris entre 29 % et 71 %. «Les durées d’accompagnement sont également très variables (entre 12 et 25 mois), et sont assorties de pratiques contrastées de fréquence de renouvellement des « contrats jeunes majeurs »», poursuit la mission.
Les quinze recommandations formulées dans le rapport visent notamment à créer des passerelles vers le droit commun pour que les jeunes puissent accéder effectivement au logement, à l’insertion professionnelle, aux soins, et à leurs droits. Les outils de connaissance et de suivi des parcours devraient également être améliorés pour comprendre les trajectoires et améliorer les dispositifs publics en sortie d’ASE. Les conseils départementaux doivent par ailleurs «assurer un accompagnement inconditionnel des jeunes» et construire avec chacun, un projet d’accès à l’autonomie avant ses 17 ans. Les foyers et assistants familiaux devraient aussi «être accompagnés dans la préparation à l’ autonomie».
La mission préconise également de développer, dans chaque département des structures cofinancées par l’Etat permettant d’accompagner les jeunes en rupture avec les institutions.