A l’occasion de son discours de politique générale, Sébastien Lecornu a précisé le cap qu’il entend prendre dans les prochains mois. A commencer par la présentation des projets de loi de financement de l’Etat et de la Sécurité sociale qui sera marquée par un symbole fort : la suspension de la réforme des retraites jusqu’à fin 2027.
Avec une prise de parole de 35 minutes, le nouveau Premier ministre a inscrit son discours en rupture avec ceux de ses prédécesseurs Michel Barnier et François Bayrou, bien plus longs. « Il y a des mesures d’urgence à prendre, nous les prendrons », a indiqué dès ses premiers mots Sébastien Lecornu qui a défendu une nouvelle méthode s’appuyant davantage sur le Parlement. Cette «rupture» s’organisera d’un triptyque «nous vous proposerons, nous débattrons et vous voterez» et de la renonciation à l’usage de l’article 49.3. «A vous de saisir ce devoir de responsabilité» a-t-il d’ailleurs adressé aux parlementaires en pointant que «la loi sera faite au Parlement et non pas à Bercy».
En abordant la question des projets de loi budgétaire, Sébastien Lecornu a confirmé que la copie présentée par le gouvernement «respectera les 5,4 % de déficit prévu par son prédécesseur» avec un objectif de déficit réduit à 4,7 % du PIB. Le locataire de Matignon a d’ailleurs reconnu que les projets de budgets sont «perfectibles» tout en précisant que «l’urgence est de dépenser moins». En parallèle, il a été indiqué qu’une réflexion sera menée dans l’objectif d’inscrire nos exercices budgétaires dans une «démarche pluriannuelle». Le Premier ministre a précisé qu’il reviendra sur ce point lors de son prochain passage au Sénat.
S’il n’est pas rentré dans le détail des différentes mesures intégrées dans le PLFSS 2026, plusieurs points auront été abordés. A commencer par la lutte « plus rigoureuse » contre la fraude. Un projet de loi a d’ailleurs été déposé hier matin à l’Assemblée nationale par le gouvernement. En ce qui concerne la santé, Sébastien Lecornu a réitéré son objectif de créer un réseau France Santé pour répondre aux défis de l’accès aux soins.
Sur le tant attendu sujet des retraites, si le Premier ministre a indiqué qu’il fallait garantir l’équilibre du système, il a également indiqué «ressentir ce que la dernière réforme a engendré chez nos concitoyens». En conséquence de quoi, il acte la suspension immédiate et jusqu’à fin 2027 de la réforme Borne. La durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028. Le coût imputable à cette réforme serait de 500 Ms € en 2026 et de 3 Mds € en 2027. Il sera compensé car «il ne saurait se faire au détriment d’un déficit accru». Les mesures d’amélioration de la retraite des femmes, issues du conclave du printemps dernier, seront quant à elles intégrées au PLFSS.
En parallèle, Sébastien Lecornu a précisé vouloir de faire de cette suspension de la réforme des retraites, «une opportunité». Dans ce cadre, il propose d’organiser dans les prochaines semaines une conférence sur le travail et les retraites avec l’ensemble des partenaires sociaux. Celle-ci devrait porter sur la gestion et le financement du modèle de protection sociale. «Si la conférence se conclut, le gouvernement transposera l’accord dans la loi et le Parlement décidera. Sinon, il appartiendra aux candidats à l’élection présidentielle de faire leurs propositions et aux Français de trancher». Ces conclusions ont d’ailleurs déjà une date cible : le printemps 2026.


