L’histoire d’organiser une baisse massive de pouvoir d’achat des retraités relève de l’incohérence et de l’injustice.
Incohérence à plus d’un titre. Car cette perspective décrédibilise le discours gouvernemental sur la pertinence de la réforme à venir des retraites. On ne rassure pas les actifs et donc les futurs retraités en appauvrissant les anciens salariés et fonctionnaires, sauf à croire qu’une pseudo-guerre des générations est un projet politique intelligent. Incohérence aussi, car toutes les projections du COR sur le revenu des retraités démontrent un décrochage tendanciel avec celui des actifs. Autrement dit, l’âge d’or des retraités prend fin. Côté Elysée et Matignon, on ferait bien de quitter le vrai « vieux monde » fait de préjugés. Incohérence enfin, car il faut cesser de gérer la situation des Français en rondelles de saucisson.
Les retraités payent davantage leurs droits sociaux et publics.
La vérité est qu’ils forment une catégorie sociale à part entière indispensable à la dynamique de notre économie. De ce point de vue, la CSG de 1,7 % reste « en travers de la gorge » et constitue bien un contresens politique et social. Prévue pour financer une assurance chômage universelle, on sait maintenant que celle-ci ne verra pas le jour en réalité. Les médiocres progrès sociaux pour les travailleurs indépendants et les salariés démissionnaires contredisent l’universalisme des droits. En fait, la situation des retraités aboutit à ce qu’ils payent plus cher leur assurance-maladie que les actifs. Normal ? Y compris selon cette incroyable situation qui voit un retraité à faible pension payer proportionnellement plus que le cadre supérieur. Pour être complet, on doit ajouter que les retraités du secteur privé (la majorité en fait) payent en sus 1 % de cotisation maladie, créée en 1982 alors que la CSG n’existait pas encore, ce qui donne lieu à une rupture supplémentaire d’égalité en droit devant l’impôt ou la charge publique. Aussi injuste. Et la perspective, encore floue, de la suppression de la taxe d’habitation, ne remédie guère à l’affaire.
On verra bien dans les jours à venir ce qu’il adviendra de ce dossier. Force est de constater l’étonnante improvisation de l’exécutif. Lequel parvient tout de même à promettre 240 millions d’euros de gain aux chasseurs au nom d’une cause dont on ne perçoit pas bien l’utilité sociale…