Face aux pénuries de personnel soignant, les systèmes de santé dépendent de plus en plus des médecins et personnels infirmiers migrants, constate l’OCDE dans son dernier rapport sur les perspectives des migrations internationales.
Dans les pays membres, le nombre de médecins et d’infirmiers immigrés a «considérablement progressé au cours des deux dernières décennies, devançant la croissance totale de l’emploi dans ces professions», souligne l’organisation internationale. Le nombre de médecins et infirmiers nés à l’étranger a ainsi bondi de respectivement 86 % et 136 % entre 2000 et 2020-21. L’augmentation du nombre de professionnels formés en dehors des frontières du pays dans lesquels ils exercent est également importante : 62 % et 71 % en 10 ans.
En moyenne, en 2020-21, plus de 830 000 médecins et 1,75 million d’infirmiers nés à l’étranger exerçaient dans l’OCDE, soit environ un quart du corps médical et un sixième de celui des infirmiers. L’Allemagne, les Etats-Unis et le Royaume-Uni connaissent les plus fortes hausses. Ces trois pays restent les principales destinations pour les professionnels de santé migrants. A l’inverse, la part des médecins nés à l’étranger a diminué en France, en Estonie, en Israël et au Portugal. Le pourcentage d’infirmiers immigrés a également reculé au Danemark, en Estonie, en Israël, aux Pays-Bas.
Dans la plupart des cas, «un grand nombre d’immigrés terminent au moins une partie de leur formation ou doivent la refaire dans le pays d’accueil», observe l’OCDE. Dès lors, les professionnels de santé formés à l’étranger sont souvent moins nombreux que ceux qui y sont nés. Environ un médecin ou infirmier immigré sur cinq est originaire d’un autre pays de l’Espace économique européen, tandis que 30 % des médecins et 27 % des infirmiers immigrés viennent d’autres pays de la zone OCDE. L’Asie s’impose comme la principale région d’origine (40 % de médecins et 37 % d’infirmiers).
Par ailleurs, environ 89 000 médecins et 257 000 infirmiers sont originaires de pays figurant sur la liste d’appui et de sauvegarde pour les personnels de santé de l’OMS (recensant les territoires confrontés aux défis les plus urgents en matière de personnel de santé), «ce qui soulève des préoccupations quant à l’impact de la mobilité internationale sur les systèmes de santé fragiles de ces pays», pointe l’OCDE.

