dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

Pas sûr à la vue de l’inquiétant contexte géopolitique international de parvenir à capter l’attention sur un sujet un peu secondaire. Tentons néanmoins d’évoquer, une énième fois, la question sensible des pénuries de médicaments.

Qui, personnellement ou dans son entourage, n’a pas subi cette forme de discrimination qu’implique un délai déraisonnable pour obtenir un médicament ? Prises globalement, les données affolent. Ici, la profession pharmaceutique parle de 4 000 produits en jachère de disponibilité. Là, on apprend que des collectifs d’officinaux organisent une production locale de génériques pour produire et alimenter ainsi un réseau de pharmacie de proximité. Un retour à la médecine des années 50 ? Plus largement, on apprend que les équipes du programme européen d’urgence médicamenteuse HERA tirent la sonnette d’alarme. Plus de 500 produits dits « matures » viendraient à manquer dans plusieurs pays de l’UE. Chine et Inde dictent au monde leur loi en matière de principes actifs. Et cela durera. D’où une démarche pour HERA d’achats de masse sur le marché mondial et l’encouragement des laboratoires concernés à augmenter leurs productions en conséquence. Bref, l’hiver arrivant, la France et certains partenaires de l’UE pourraient manquer à leurs exigences de soins. Au pays champion d’Europe pour les dépenses de santé, et champion du monde pour son niveau de socialisation des coûts de soins, c’est un comble absolu !

C’est connu. La France de la santé et de la protection sociale n’apprécie guère l’industrie pharmaceutique, pour des motifs plus ou moins sérieux. N’empêche que les réalités médicales et scientifiques imposent l’existence d’une forte industrie de santé. En France, surtout vu les débâcles qui nous assaillent depuis 30 ans. Si tenté que l’on veuille bien comprendre que la véritable souveraineté sanitaire se niche un peu dans nos contrées et beaucoup en Europe. Dire cela est prendre à rebrousse-poil une opinion trop répandue. Peu importe ! La dégradation de la souveraineté nationale du médicament ne date pas d’hier. Elle exprime une forme de lâcheté générale sur les priorités du pays. Tous responsables ! Peu importe, les rapports et expertises qui s’accumulent, les propos ministériels et industriels ronflants (voir la bérézina de Sanofi), rien n’y fait. Ainsi va la France sanitaire…

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