« Le système de soins sera intenable si nous ne réalisons pas un effort de prévention », déclarait il y a peu, Aurélien Rousseau, nouveau ministre de la Santé et de la… Prévention. Honnêtement, on ne vous pas attendu, monsieur le ministre, pour agir sur ce terrain. Voilà, anciens que nous sommes, 40 ans voire plus, que nombre d’acteurs font leurs cette exigence. Nous conçûmes même avec d’autres Premutam en 1979, l’association entre l’Assurance Maladie et la Mutualité Française dans un travail commun et mobilisateur sur des exigences de prévention. Une époque regrettée…
La vraie prévention, ce n’est pas seulement davantage de crédits dans des campagnes d’information. Déjà les encourager serait mieux. Pensons que 13 euros par an pour expliquer la bonne nutrition, dont 40 centimes par habitant tout au plus dédiés à la lutte contre les addictions, la promotion de la santé, pour ne citer que ces cas, n’est pas sérieux. Quant aux programmes de surveillance de l’état de santé et ses 3,7 Mds € saupoudrés ici et là, dont 50 % sont dédiées à une médecine du travail en souffrance parce que peu rénovée, confirme notre carence nationale. Le véritable besoin de prévention, monsieur le ministre, ne concerne pas toute la population en fait. Sont moins concernés ceux dont l’état de santé est plutôt bon, qui peuvent et acceptent de suivre des recommandations sur le besoin d’activité physique, psychique et culturelle. Certes, nous avons réalisé des progrès sur la vaccination. La priorité ce sont les autres. Les 20 à 30 % de nos compatriotes, qui décrochent. On l’a vu avec la Covid-19 avec des comportements à risque.
Agir donc autrement que les seuls bandeaux de préconisations d’hygiène alimentaire sous les pubs à la télé, ou à la radio, c’est aller plus au fond des choses. Il nous faut embrasser dans une stratégie de longue haleine, tous les aspects de l’enjeu. Y compris dans la nourriture (vive la baguette moins salée !), le sport, la culture, l’insertion, l’urbanisme et la vie sociale. Et remettre sans cesse l’ouvrage sur la table. C’est aussi développer une authentique médecine de ville et scolaire, on sait que beaucoup se joue dès l’enfance, les perdantes du déséquilibre permanent des moyens alloués dans le PLFSS. Une illustration de plus d’un déficit d’ambition réformatrice. Vous souhaitez imprimer monsieur le ministre ? Allez-y, bousculez la routine administrative et une conception désuète de la santé centrée uniquement sur le curratif. Là vous imprimerez !
Illustration : Vectorstock