dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

Histoire de se défouler, les commentateurs s’en donnent à cœur joie pour dénoncer les carences de l’Union européenne en matière de politique de vaccination. Quitte à tomber dans la caricature. La France est-elle d’ailleurs bien placée pour donner des leçons d’efficacité ? C’est vrai qu’il est parfois facile de minorer les différents couacs de notre campagne de vaccination et d’oublier la non-mise au point des vaccins Sanofi et Pasteur sur lesquels 500 millions d’Européens comptaient.

La Commission européenne a peut-être péché par naïveté dans un monde impitoyable. Il est vrai qu’il est plus facile de pratiquer le nationalisme vaccinal, surtout incantatoire, que de se mettre d’accord à 27 dans une crise totalement inédite. Or là, on débat à « fronts renversés ». On ne peut d’un côté dénoncer Bruxelles, ses lenteurs et ses manies bureaucratiques, et de l’autre refuser de doter la Commission européenne de véritables compétences et prérogatives en matière de santé avec les moyens afférents. Cette compétence est unanimement rejetée depuis 1957 !

Plus encore, la Commission, pour éviter de payer trop cher les doses commandées et susciter alors la hargne des antieuropéens, des anti-laboratoires et autres anti-vaccins, a préféré risquer un temps supplémentaire dans une négociation finalement tronquée par les autres États et les producteurs. De plus, il est désormais établi que ces derniers, fort de leur remarquable célérité pour la mise au point de vaccins efficaces, ont quand même menti sur leurs capacités de respecter leurs engagements.

Les faits sont têtus : l’Europe de la santé n’existe quasiment pas. Parce que nous, au travers de nos gouvernants, ne l’avons jamais souhaité. L’affaire doit rester domestique. Bruxelles est une machine à produire de la norme pour faciliter les multiples formes du principe de la libre circulation des hommes, produits et services. Cela, nous l’avons voulu. Pour le surplus, il s’agit de recommandations donc du peu contraignant.

Dans cette histoire, France et Allemagne ont eu l’intelligence de dépasser ce cadre en choisissant une démarche communautaire solidaire aux 27 États membres en matière de vaccins pour éviter un continent à plusieurs vitesses aux conséquences irréparables. Pouvait-on sérieusement faire autrement ?

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