C’est l’une des intrigues de cette rentrée : l’Assurance Maladie va-t-elle réussir à faire revenir les médecins à la table des négociations ?
Et si oui, va-t-elle finalement « lâcher » le fameux C (tarif d’une consultation de base) à 30 € pour arracher une signature de leurs représentants ? À l’heure où PLF et PLFSS 2024 s’inscrivent dans une dynamique générale d’économies, on aurait peine à le croire. Et pourtant, l’histoire semble déjà écrite.
Disons les choses telles qu’elles le sont, tant le nouveau ministre de la Santé que l’Assurance Maladie ne peuvent pas se passer d’un accord conventionnel avec les médecins libéraux. C’est la moelle épinière de la médecine de ville, l’autre pendant de notre système de soins avec le secteur hospitalier. Autant dire que la non-signature du texte proposé par la CNAM en février dernier a tout paralysé. Dès lors, y avait-il une autre option que celle visant à céder sur les 30 € ? Le doute est permis. Mais ce qui demeure gênant dans l’affaire est que les pouvoirs publics semblent vouloir mettre de côté toute idée de contrat d’engagement territorial. Autrement dit la stratégie qui fut défendue au printemps consistant à davantage valoriser les médecins qui s’engageraient dans la voie d’un exercice plus moderne et plus collectif tomberait à l’eau. Un échec structurel pour la CNAM, mais également pour l’avenue de Ségur dont le degré de défiance vis-à-vis des médecins libéraux demeure au plus haut. Car en sacrifiant des éléments organisationnels forts du projet originel de cette convention, ne débouchons-nous pas finalement sur la signature d’un simple avenant tarifaire qui ne dit pas son nom ?
Quelle que soit l’opinion de la chose, la seule finalité qui vaille aux yeux du tandem Assurance Maladie/ministère de la Santé sera celle qui aboutira à un accord, même au rabais. La machine conventionnelle est enrayée comme jamais et on a toutes les peines du monde à voir comment une confrontation avec les syndicats médicaux qui s’éterniserait permettrait d’endiguer la dynamique morose dans laquelle nous continuons de nous engouffrer. Mais diable, où sont passés le désir et l’exigence d’innovation et de modernisation des pratiques tant espérés par les patients et les jeunes médecins ? Une simple promesse printanière, malheureusement pour le moment.