La négociation sur la télémédecine est dans sa dernière ligne droite. Rarement une négociation dans le cadre conventionnel n’aura été menée aussi rapidement. Si, en soi, il faut se féliciter de la volonté des pouvoirs publics d’accélérer sur un sujet qui est (trop) longtemps resté confiné au cadre expérimental, il faut tout de même s’interroger sur la portée de l’accord qui devrait aboutir d’ici au mois d’avril. Sur le fond, on se rend compte que la négociation porte davantage sur les contours tarifaires de mise en application des actes de téléconsultation et de télé-expertise que sur leur déploiement pratique, sur le terrain, notamment dans les déserts médicaux.
Un comble, tant Agnès Buzyn a avant tout présenté la télémédecine comme une solution facilitant l’accès aux soins dans ces zones sensibles. Soyons rassurés, le futur accord signé sera une victoire médiatique et politique pour l’ensemble des signataires, mais sur le terrain quelle réalité ?
Mettons les pieds dans le plat : la Cnam devrait être prête d’ici à la fin de l’année, mais les médecins libéraux vont-ils jouer le jeu sachant qu’il n’y aura que peu d’incitations et de pressions financières qui leur seront imposées ?
Si on est optimiste, on dira que cela prendra du temps. Si l’on se fie au contexte actuel et à la séquence médiatique qui a vu successivement le projet de décret sur la pratique avancée des infirmier(e)s (bien qu’étant un progrès dans les modes de prise en charge des soins primaires, notamment des malades chroniques) et le principe de généralisation de la vaccination réalisée en officine (pour lequel, la phase d’expérimentation a été un vrai succès) être rejetés, on peut se poser quelques questions.
Ce double rejet est certes un réflexe corporatiste naturel (ah, les fameux « silos » français !), mais pendant ce temps-là que fait-on des patients en attente de réponses concrètes à leurs besoins et que dire aux futures générations de médecins libéraux qui ont d’autres aspirations en termes de mode d’exercice ?