C’était attendu et cela déçoit plutôt. Le Premier ministre, Jean Castex, a présenté il y a quelques jours, dans l’Essonne, la batterie de mesures destinées à la lutte contre la pauvreté face au tsunami social qui s’annonce.
Pêle-mêle, sur les 19 mesures annoncées, on retrouve des aides ponctuelles pour les bénéficiaires du RSA, de l’ASS (chômeurs en fin de droit), ceux qui ne peuvent pas payer leurs loyers. Pour un coût de 700 Ms € en faveur de près de 2 millions de bénéficiaires. Insuffisant disent les associations, regroupées notamment au sein du collectif Alerte. Lequel, suivi en cela par les acteurs syndicaux, réclame, entre autres mesures, une vraie revalorisation du RSA.
Pas assez d’un côté, donc, ne pas dissuader l’effort de recherche d’un vrai emploi, de l’autre. Où se niche la vérité ?
Tous les gouvernements, de droite comme de gauche, traînent cette question lancinante quant aux bonnes solutions face à la pauvreté, au sortir de leur mandat. Des années de débat avec, comme résultat, une sorte de statu quo méthodologique. L’affaire est bien plus compliquée que l’apparence idéologique promue par certains. Il faut à la fois faire preuve de forte solidarité tout en incitant à l’intégration économique et sociale du plus grand nombre.
Aucune nation n’a résolu ce dilemme. Pas plus celles du nord de l’Europe qu’a fortiori celles du sud. Et les expériences de revenu universel, comparées avec nos prestations sociales et nos minima, ne sont guère probantes.
Que faire alors ? Déjà, engager la réforme promise depuis longtemps, à savoir la simplification du maquis des minima et améliorer le « front office », celui des guichets sur le terrain. Ensuite, il faut réduire, par un travail acharné, les situations de non-recours aux prestations. Traiter aussi avec ténacité la question du logement et de la formation des personnes, deux cancers de la société française. Enfin, prendre en compte les réalités de l’emploi qui ne relèveront plus de la logique des Trente Glorieuses.
En attendant, la crise est là. Elle sera durable et prendra alors une dimension structurelle. Car l’économie de l’après-Covid-19 ne sera pas celle de l’avant.
En attendant, la solidarité nationale doit jouer. Elle est disponible pour les actifs et les entreprises à des hauteurs inédites. Tout autant, elle doit s’exercer au profit de ceux qui ne sont pas près de trouver le chemin de la normalité collective. La moindre des choses.