D’un côté le ministère des Solidarités et de la Santé, de l’autre le ministère de l’Education nationale.
Pas de lien direct, pense-t-on de prime abord. Et pourtant, le succès pérenne de la négociation la plus importante du premier (le Ségur de la santé) passe par l’implication du second. La crise actuelle ne saurait se limiter au seul débat sur les salaires et les moyens des hôpitaux. L’absence d’éducation sanitaire dans les programmes scolaires dès les classes du primaire et le recul progressif de l’enseignement de l’éducation civique sont un fait notoire… et un handicap structurel dans une société qui sera confrontée de nombreux défis.
Gageons que nos petits Français aient été marqués positivement par la période de confinement qui leur a appris à respecter des gestes d’hygiène rudimentaires.
Cela serait un moindre mal. Mais la cinquième puissance économique mondiale peut-elle se contenter de cela à l’heure où, demain, on demandera à ses citoyens d’être des « patients acteurs » dans le cadre d’une médecine qui sera davantage prédictive, personnalisée et pointue et, dans le même temps, de comprendre des mécanismes de couverture sociale qui s’annoncent toujours aussi complexes, malgré les efforts pédagogiques fournis ?
Sans un minimum d’information et d’apprentissage, ces générations risquent d’être aussi perdues que celle de nos grands-parents face à l’événement du numérique. Or une société reposant sur l’incompréhension et la méconnaissance de ses usagers quant à ses mécanismes a peu de chances de réussir un projet collectif commun. Car l’enjeu, ici, est de former et d’orienter de futurs usagers et patients.
Utile ? Essentiel, même.
On remarquera au passage que les populations qui ont fait preuve de davantage de discipline collective pour affronter la crise épidémiologique sont sud-coréenne, allemande et scandinaves (hormis la Suède). Des nations qui, depuis longtemps, ont placé l’apprentissage des pratiques de prévention, d’hygiène individuelle et de règles de vie en société au cœur de leur projet éducatif. Point de hasard si on les retrouve dans les études de l’OCDE parmi les pays menant une politique efficace de lutte contre les facteurs à risque.
Alors, certes, il y a beaucoup de monde invité aux travaux du Ségur, mais, s’il vous plaît, poussez-vous un peu pour laisser une petite place à Jean-Michel Blanquer et, évidemment, à Santé publique France.