Entendus par la commission des Finances de l’Assemblée nationale, le 26 janvier dernier, Olivier Véran et Olivier Dussopt, respectivement ministre de la Santé et ministre délégué chargé des Comptes publics sont notamment revenus sur les comptes de la Sécu.
«La situation de nos comptes sociaux n’est pas bonne (…) Alors que nous étions sur le point de retrouver un équilibre tant attendu la crise sanitaire mondiale a conduit la puissance publique a engagé des dépenses considérables, mais il le fallait», a assuré Olivier Véran. Selon le locataire de l’avenue de Ségur, les déficits cumulés sur la décennie 2020-2030 vont dépasser 300 Mds € et les transferts à la Cades (136 Mds €) votés en 2020 ne suffiront pas. «La trajectoire tendancielle ne reviendra vraisemblablement pas à l’équilibre avant 2030», a-t-il poursuivi.
«Si la trajectoire reste dégradée aujourd’hui, elle est en voie d’amélioration», a ajouté Olivier Dussopt. Il a ainsi rappelé que le déficit 2021 était attendu «autour de 25,5 Mds», contre 33,5 prévus initialement dans la LFSS 2022, soit une amélioration de 8 Mds €. Il évoque notamment une croissance plus forte qu’anticipé. Une bonne nouvelle tempérée par le coût de la campagne de tests et de vaccination, Olivier Dussopt ayant reconnu que la provision de près de 5 Mds intégrée dans la LFSS 2022 «devra être abondée». A ce stade, pas de nouvelles projections sur la dette sociale de 2022 (20,4 Mds € dans la LFSS) compte tenu des nombreuses «incertitudes». Et à ces dépenses exceptionnelles s’ajoutent le coût du Ségur de la Santé, 10 Mds € par an «à terme», a rappelé Olivier Véran.
Concernant les leviers d’action pour un retour à l’équilibre, «on ne va pas couper dans les dépenses de santé en sortie de crise», a-t-il souligné. De son côté, Olivier Dussopt a notamment écarté toute affectation d’une partie des recettes de la Cades aux dépenses courantes ainsi qu’une hausse des impôts et prélèvements obligatoires. En revanche, il estime qu’il faudra «augmenter notre potentiel de croissance» et «ouvrir évidemment la question des retraites que nous avons dû suspendre avec la crise».