dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

L’annonce récente par Emmanuel Macron de la mise en place d’un Conseil national de la refondation, au sortir des élections législatives, donne lieu à des commentaires souvent peu amènes.

Il y a d’abord la symbolique de l’acronyme, un nouveau CNR dans la droite ligne du fameux Conseil National de la Résistance de 1944… pas sûr que la ressemblance soit opportune, notamment pour les personnes ayant connu cette période. De plus, La France de 2022 serait-elle dans un contexte similaire à celui de la fin de la Seconde Guerre mondiale ? Notre pays souffre de bien de maux, mais quand même…

En second lieu, quelle est l’utilité d’installer un nouveau comité ? Comme si nous en manquions de par chez nous. En sus, placer dans une même instance des élus politiques représentatifs, dont la légitimité est issue du suffrage universel, avec des acteurs économiques et sociaux, également représentatifs et enfin, des citoyens tirés au sort, crée une réelle confusion. Certains peuvent également y voir un risque redoutable de contournement des institutions du pays à l’heure où la défiance vis-à-vis de celles-ci n’a jamais été aussi grande.
Certes, le dialogue entre l’ensemble des composantes de notre société mérite d’être valorisé. Mais de là, à faire fi des lieux habituels de fabrication de nos lois et des réalités de notre contrat social, il y a un pas qu’on ne peut réaliser sans danger.
La France est une grande démocratie. Nourrie par des siècles d’histoire et d’acquis d’expressions. Outre notre Parlement, nous avons un nombre considérable d’instances de représentations professionnelles et sociales, permettant ainsi l’indispensable écoute et partage des responsabilités dans tous les champs de la vie publique. Doit-on alors raisonnablement placer sur un même plan des élus dont la légitimité est tirée du peuple et des citoyens lambda, par définition peu compétents dont la légitimité procède du hasard ?

Notre pays souffre surtout d’un manque de partage des responsabilités. Toutes les nations qui réussissent sont celles qui concrétisent un fonctionnement harmonieux de leurs représentations démocratiques. Au risque de se répéter, la véritable « refondation » passera par le partage des défis, par la décentralisation, par l’investissement dans l’éducation et le savoir et plus largement, dans notre jeunesse. Et ce, afin que les forces vives de notre pays puissent prendre leur part dans les réformes indispensables au pays.

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