Claire Hédon, la Défenseure des droits, a rendu public son rapport sur les services publics aux Antilles. Retour sur les problématiques identifiées dans le champ de la santé et des retraites.
En matière d’accès à la santé, le rapport souligne «la situation de grande dépendance vis-à-vis de la métropole» et les difficultés des habitants à «organiser leurs parcours de soins», avec des situations de renoncement ou de retards de prise en charge. Est relevée la situation de «pénurie médicale», en particulier pour les spécialistes, dans les centres hospitaliers comle dans le secteur libéral. En outre, la démographie médicale apparaît vieillissante et la présence de praticiens très inégale. «La population subit un accès aux soins limité et n’obtient des rendez-vous médicaux que dans des délais particulièrement longs, susceptibles d’entraîner des pertes de chance en santé», ajoute le rapport. L’autorité constitutionnelle indépendante recommande notamment de «rééquilibrer l’offre de soins (…) par le développement du lien Ville-Hôpital et des partenariats entre établissements de santé». Elle appelle à lancer des réflexions sur l’appui des professions paramédicales, en particulier les IPA. La Défenseure des droits pointe également le poids des inégalités sociales et de santé, ainsi que la faiblesse des dispositifs de prise en charge de la santé mentale et des personnes en situation de handicap.
Concernant la liquidations et le paiement des retraites, après les dysfonctionnements pointés par la Cour des comptes en 2018, le rapport souligne que «le fonctionnement de la CGSS de Guadeloupe est en cours de redressement». La direction a mis en place plusieurs dispositifs «pour apurer le stock des dossiers en souffrance» (cellule d’enregistrement pour examiner la recevabilité des demandes, centralisation des contestations et demandes de suivi, etc). Ainsi, les écarts de traitement avec la métropole «s’améliorent globalement», même si l’accueil des usagers doit être amélioré.
En revanche, la CGSS de Martinique «s’est trouvée quasiment à l’arrêt en 2021», à la suite d’un mouvement de grève de 8 semaines, après une année marquée par la crise sanitaire. «Avec près de 4 000 dossiers en souffrance, la CGSS de Martinique connaît, des délais très largement excessifs pour le traitement des demandes de pension de vieillesse – parfois, jusqu’à plus de deux ans – entraînant des ruptures de ressources dramatiques pour les assurés, qui constituent des atteintes inacceptables à leur droit à la protection social», relève la Défenseure des droits. Une mission d’audit de la CNAV a été engagée en septembre dernier et un plan d’action est défini pour résorber le stock avec un objectif de redressement pour la fin de l’année.