Emmanuel Macron veut faire la révolution. On peut comprendre le président de la République dans son souci de réveiller le pays, de libérer ses talents et de le pousser à se moderniser. Tout a changé, répète à raison ou presque le chef de l’Etat. La révolution, donc.
Dans le champ de la protection sociale et de la santé, au dire du gouvernement, l’affaire est engagée. Cela reste à vérifier. Faire la révolution requiert toutefois plusieurs conditions. En premier lieu, il faut une vision globale cohérente. L’avons-nous ? Faute de message clair et politiquement mieux porté, un premier déficit en fait, l’on doit se satisfaire d’une frénésie de discours de circonstances et de conférences de presse ministérielles sans vraie colonne vertébrale d’ensemble. La révolution exige en second des esprits révolutionnaires.
Nous évoquons évidemment la culture et les comportements des acteurs professionnels. Là, force est de constater que nous sommes loin, très loin même, de la « coupe aux lèvres ». Nous adulons les grands débats théoriques, surtout lorsqu’ils débouchent sur l’impuissance pratique organisée… Car le système de protection sociale et de santé de la France demeure un modèle de rentes, unique au monde. Pour réformer, il faut alors déplacer en quelque sorte le lourd buffet normand de nos aïeux, avec ténacité, et surtout ne pas se tromper sur son nouvel emplacement.
La majorité des acteurs n’épouse donc pas spontanément l’ambition présidentielle. Pour la simple raison qu’ils n’y trouvent pas leur intérêt. Et que la fameuse révolution émancipatrice du chef de l’Etat dans le domaine social et de santé s’opérera en grande partie a contrario des intérêts des fameux corps intermédiaires. Pas une question n’échappe à cette difficulté. Plus encore, celle-ci se double d’un paradoxe, celui d’un Etat hypercentralisateur voire confiscatoire de l’intérêt général. Le nœud gordien est là et personne n’est gagnant à ce jeu de dupes.
Disons alors que Jupiter ne réussira pas sans le concours de Junon. Plus encore, la nature révolutionnaire du projet social d’Emmanuel Macron repose pour sa pertinence sur une logique, certes universaliste, mais surtout émancipatrice de chaque citoyen, car « capacitaire » pour chacun de nous. Pas simple que tout cela…