Agnès Buzyn, rejointe par Gérard Darmanin et même par le Premier ministre, n’a jamais dit qu’il fallait relever l’âge légal de départ. Mais d’allonger la durée de cotisation. Nuance ! Dès lors, la confusion est totale. On rappellera que l’âge moyen de départ frôle désormais 63 ans et bientôt 64 ans.
Quant à la durée d’assurance, elle sera de 43 ans en 2035. Stop aux conjectures infondées !
Nonobstant cette boulette ministérielle, il nous faut revenir sur une autre.
La proposition du parti majoritaire LREM de garantir une indexation des pensions de retraite sur l’inflation, mais limitée aux seules « petites » pensions nous fait aussi « sauter au plafond ».
Avant 1986, les pensions des régimes de base étaient revalorisées en fonction de l’évolution des salaires. Depuis trente-trois ans (Philippe Séguin en 1986), c’est un système de revalorisation indexé sur l’indice prévisionnel des prix. Avec possibilité d’ajustement a posteriori.
Depuis 2008, crise financière aidant, c’est le grand chahut. Emmanuel Macron a même cassé le thermomètre depuis deux ans, puisque ça part dans tous les sens.
Calcul : entre 2007 et 2020 (projection), l’indice des prix cumulé serait en hausse de 17 %. Sur la même période, le montant cumulé nominal des revalorisations atteint 12,7 %. Donc, perte de pouvoir d’achat et la suite s’annonce mal..
Plusieurs obstacles d’ordre constitutionnel apparaissent à l’idée de différencier la revalorisation selon le montant des pensions. L’Etat peut-il unilatéralement rompre par principe la règle d’équité sociale pour 17 millions de retraités en transformant l’assurance vieillesse en système sous condition de ressources ? Et changer ainsi alors la nature du régime contributif, au gré de ses choix budgétaires. Un principe renforcé par le futur système en points.
Une telle désindexation rampante pour les pensions moyennes et supérieures contrevient formellement au principe de non-rétroactivité du contrat social. On ferait cotiser 30 millions d’actifs pour des revenus garantis… à la baisse, puisque désindexés ! Enfin, l’égalité des droits serait bafouée avec des cotisations donnant lieu à indexation et d’autres qui ne le permettraient plus.