dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

C’est connu, aucune réforme des retraites n’est populaire.

Dès lors, les gouvernements en place, celui-là ou un autre, n’ont d’autre choix que de composer avec plusieurs inconvénients pour agir : le calendrier de la réforme à peine sorti de la pandémie, la méthode de travail retenue, l’absence d’explication sur les perspectives, le contexte géopolitique exécrable, le climat politique et social national, l’empathie limitée de l’opinion envers l’exécutif. La France cumule donc tous les handicaps possibles pour réussir une bonne réforme. Pour autant le divorce entre syndicats et opinion contre l’État est-il une fatalité ? Pas sûr.

L’exemple finlandais est en cela assez parlant. Au lendemain de la chute de l’URSS, qui ébranla économiquement ses voisins, le gouvernement finlandais initia une vaste mobilisation sur l’emploi de seniors sur le thème du travail émancipateur et du dialogue social dans les entreprises pour maintenir les anciens en activité. Une recette : responsabiliser les entreprises et les « corps intermédiaires » pour trouver des solutions pérennes et efficaces en matière d’incitations économiques, d’aides fiscales, de formation et de qualification accrues des seniors, de campagne d’information grand public… Ce fut une réussite totale ! Non seulement le taux d’activité des seniors de plus de 56-64 ans atteint 30 ans plus tard le ratio de 70 %. Soit 20 % de plus qu’en France… du coup, l’âge de la retraite est décalé peu à peu spontanément au-delà de 63 ans.

Les Finlandais sont donc partis de la problématique de l’emploi des seniors pour finir sur celle des retraites là où nous faisons l’inverse. Question de méthodologie pour certains ou de bon sens pour d’autres. Mais il serait inopportun de se cacher derrière le fait qu’il s’agisse d’un « petit pays », car, dos au mur ils ont su faire preuve d’ambition et d’inventivité sociale. En sommes-nous incapables ? Pouvons-nous mettre sur la table des enjeux sans tomber dans une guerre de tranchées d’un autre âge ?
Que ce soit le dossier des retraites, ou celui de l’organisation du système de santé, il nous faut nous interroger sur la maturité de notre pays à aborder des questions difficiles aux conséquences durables. Tous responsables sans exception.


Illustration : Vectorstock
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